Mardi soir, 102 personnes étaient en garde à vue sur les 276 arrêtées en marge du défilé, selon la préfecture de police. "31 commerces ont été dégradés dont deux incendiés, 6 véhicules ont été incendiés et 10 autres dégradés", a-t-elle détaillé. Quatre personnes ont été blessées légèrement, dont un CRS qui a reçu un pavé dans le dos.
Partie vers 15H00, la manifestation a très rapidement changé de tournure, bloquée par quelque "1.200 black blocs" recensés par la préfecture de police, sur les 14.500 personnes venues hors cortège syndical, un chiffre inédit selon une source proche du dossier. Côté cortège syndical, la police a recensé 20.000 manifestants et la CGT 55.000.
Face aux jets de projectile et dégradations, les forces de l'ordre ont fait usage de gaz lacrymogènes et de lanceurs d'eau, ce qui a permis de disperser les casseurs. Après la fin de la manifestation syndicale, une centaine de jeunes, dont certains encagoulés, ont continué à jouer au chat et à la souris dans les rues touristiques du Quartier latin à Paris avec les forces de l'ordre.
"On en a marre de ce système capitaliste qui détruit tout, de la répression policière brutale contre ceux qui s'y opposent. On veut un changement radical, qu'on écoute la société, on veut de l'écologie, de l'altermondialisme", a dit l'un d'entre eux, se décrivant comme un étudiant de 19 ans, interrogé par l'AFP sous couvert d'anonymat.
Le président de la République Emmanuel Macron a condamné, sur twitter, "avec une absolue fermeté les violences" qui ont "dévoyé les cortèges du 1er mai". "Tout sera fait pour que leurs auteurs soient identifiés et tenus responsables de leurs actes", a-t-il ajouté, alors qu'il se trouvait en déplacement en Australie. Le Premier ministre, Edouard Philippe, a également condamné dans un communiqué ces violences et "l'irresponsabilité des discours radicaux qui encouragent de tels agissements".
Venu manifester en famille, Mathieu Gourmelon, 54 ans, a regretté que les "blacks blocs" aient éclipsé les autres participants, qui défilaient calmement: "Les casseurs décrédibilisent tout".
Face à l'impossibilité pour la manifestation syndicale de se dérouler comme prévu, le préfet de police de Paris, Michel Delpuech, a "invité" les organisateurs - CGT, Solidaires, la FSU et des fédérations franciliennes de FO -- à modifier l'itinéraire, ce qu'ils ont fait.
Mais il a fallu batailler, a raconté à l'AFP Eric Beynel, porte-parole de Solidaires: "la préfecture de police nous a demandé à plusieurs reprises d'arrêter la manifestation, ce qu'on s'est refusé à faire. On n'avait pas de raison de ne pas aller jusqu'au bout".
Le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, a quant à lui critiqué la gestion par les autorités des débordements et réclamé des explications au préfet de police et au ministre de l'Intérieur. C'est à eux "de prendre les mesures pour que de telles choses ne se passent pas", a-t-il dit.
Les principaux leaders de la droite et du FN s'en sont également pris au gouvernement après ces violences. Le syndicat Unsa police a déploré dans un communiqué qu'aucune "interpellation en amont" n'ait eu lieu.
"Quand les exactions ont commencé, il y avait au moins un millier de personnes entre eux (les Black Blocs, ndlr) et les forces de l'ordre. On ne pouvait pas intervenir", a expliqué le préfet de police. "Nous voulions éviter à la fois parmi les manifestants, mais aussi parmi les forces de l'ordre, qu'il y ait des blessés voire des morts", a ajouté le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb.
Division syndicale
M. Martinez a regretté que FO et la CFDT aient boudé l'appel de sa confédération, "alors qu'il y a beaucoup de luttes unitaires dans tout le pays". Bernadette Groison (FSU) a elle aussi déploré cette "tradition française" de division syndicale.
Au total, les manifestations ont rassemblé 210.000 personnes en France, selon la CGT qui a qualifié la mobilisation de "réussite", 143.500 selon le ministère de l'Intérieur.
Dans la plupart des grandes villes, à l'inverse de Paris, les manifestations, auxquelles participaient aussi les organisations étudiante et lycéenne Unef et UNL, et parfois La France Insoumise, le NPA, le PCF ou Lutte ouvrière, se sont déroulées dans une ambiance bon enfant. Les cheminots participaient en nombre aux cortèges.
"Jonction des forces"
Présent à Marseille, où la manifestation a rassemblé 4.200 personnes selon la police, le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a estimé que "la jonction des forces (était) en train de se faire" entre mouvement social et forces politiques, constatant qu'en revanche, "rien n'est réglé pour ce qui est de la division syndicale".
De fait, il est rare que la journée internationale des travailleurs soit l'occasion de faire bloc pour les syndicats comme en 2002 pour "faire barrage" à Jean-Marie Le Pen.
Le nouvel homme fort de Force ouvrière, Pascal Pavageau, a annoncé sa volonté de contacter ses homologues pour discuter d'une éventuelle "unité d'action". Sa centrale est cependant restée fidèle à son habitude de faire bande à part le 1er Mai.
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