Partie vers 15H00, la manifestation a très rapidement changé de tournure, bloquée par la présence de quelque "1.200 black blocs" recensés par la préfecture de police, sur les 14.500 personnes venues hors cortège syndical. Côté syndicat, la police a recensé 20.000 manifestants et la CGT 55.000.
Face aux affrontements et dégradations, les forces de l'ordre ont riposté par des tirs de gaz lacrymogènes et deux lanceurs d'eau. De nombreuses dégradations ont été commises sur le trajet, dont un restaurant McDonald's saccagé et plusieurs véhicules brûlés, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Rassemblés autour de banderoles comme "Premiers de cordée, premiers guillotinés", les militants encagoulés criaient "Tout le monde déteste la police" ou encore, "Paris, debout, soulève-toi".
"On en a marre de ce système capitaliste qui détruit tout, de la répression policière brutale contre ceux qui s'y opposent. On veut un changement radical, qu'on écoute la société, on veut de l'écologie, de l'altermondialisme", a dit l'un d'entre eux, se décrivant comme un étudiant de 19 ans, interrogé par l'AFP sous couvert d'anonymat. "On est là parce que la situation est apocalyptique. Ça fait deux mois qu'on essaie de faire sauter les facs, les gares mais ça marche pas", témoignait un autre.
Le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, a condamné "avec fermeté" ces "violences et dégradations", affirmant sur Twitter que "tout est mis en œuvre pour faire cesser ces graves troubles à l'ordre public".
Face à l'impossibilité pour la manifestation syndicale de se dérouler comme prévu, beaucoup devant reculer face aux gaz lacrymogène, le préfet de police de Paris a "invité" les organisateurs - CGT, Solidaires, la FSU et des fédérations franciliennes de FO -- à modifier l'itinéraire, ce qu'ils ont fait. Les premiers ont finalement atteint sans incident la place d'Italie peu avant 18H00.
Mathieu Gourmelon, 54 ans, venu en famille, regrette que les "blacks blocs" éclipsent l'ensemble des gens qui manifestent calmement: "Les casseurs décrédibilisent tout". De son côté, Louise, étudiante de 27 ans, trouve "insupportable" d'être "gazée". "On ne peut pas faire dix mètres sans qu'il y ait un climat de violence énorme de la part des CRS principalement".
Division syndicale
Côté syndical, la banderole de tête annonçait "Un premier mai revendicatif, combatif; contre la remise en cause des acquis sociaux, la sélection à l'université; pour le progrès social, la paix, la solidarité internationale".
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a regretté que FO et la CFDT aient boudé l'appel de sa confédération. "J'en suis désolé, je ne comprends pas, alors qu'il y a beaucoup de luttes unitaires dans tout le pays, qu'au niveau des confédérations on n'arrive pas à mettre de côté nos différences pour travailler ce qui nous rassemble", a-t-il dit. Bernadette Groison (FSU) a regretté elle aussi cette "tradition française" de division syndicale.
Dans les grandes villes, notamment Lyon, Grenoble ou Toulouse, plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient défilé, souvent dans la matinée, dans une ambiance bon enfant, à l'appel de la CGT, rejointe par Solidaires et la FSU et parfois par La France Insoumise, le NPA, le PCF ou Lutte ouvrière, ainsi que par les organisations étudiante et lycéenne Unef et UNL. Les cheminots participaient en nombre aux cortèges.
"Macron, c'est le président des riches et des très riches, comme a dit Hollande", a dénoncé Geneviève Durand, retraitée de la fonction publique territoriale, venue manifester à Clermont-Ferrand.
En voyage à Sydney, en Australie, le président de la République a été interrogé sur son déplacement en pleines manifestations du 1er Mai. "Je ne suis pas d'un tempérament à esquiver quoi que ce soit", a-t-il répondu. "Vous voulez que je reste chez moi à regarder la télévision?".
"Jonction des forces"
Présent à Marseille, où la manifestation a rassemblé 4.200 personnes selon la police, le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a estimé que "la jonction des forces (était) en train de se faire" entre mouvement social et forces politiques, constatant qu'en revanche, "rien n'est réglé pour ce qui est de la division syndicale".
Il est rare en effet que la journée internationale des travailleurs soit l'occasion de faire bloc pour les syndicats comme en 2002 pour "faire barrage" à Jean-Marie Le Pen.
Le nouvel homme fort de Force ouvrière, Pascal Pavageau, a annoncé qu'il allait contacter ses homologues des grandes centrales syndicales pour discuter d'une éventuelle "unité d'action". Sa centrale est cependant restée fidèle à son habitude de faire bande à part le 1er Mai.
De leur côté, CFDT, CFTC et Unsa ont organisé un 1er Mai en commun sous un mot d'ordre "revendicatif et culturel" avec la projection à Paris d'un film sur "le dialogue social et la négociation collective".
bow-burs/cel/nm
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