Le carré de tête de la manifestation parisienne, à l'appel de la CGT, Solidaires, la FSU et des fédérations franciliennes de FO s'est ébranlé mardi peu avant 15H00 de la place de la Bastille en direction de place d'Italie. Mais il s'est rapidement retrouvé immobilisé, en raison de la présence de quelque "1.200 black blocs" recensés par la préfecture de police.
Rassemblés autour de banderoles comme "Premiers de cordée, premiers guillotinés" ou "Cette fois, on s'est organisé", ils criaient "Tout le monde déteste la police" ou encore, "Paris, debout, soulève-toi". La police a fait état de dégradations de mobilier urbain. Des militants s'en sont pris notamment à un restaurant McDonald's à coup d'engins incendiaires, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Deux personnes, "porteuses de burins et de marteaux", avaient été interpellées avant le début de la manifestation et placées en garde à vue, selon la police.
Lundi, la préfecture de police avait évoqué un risque de débordement par "des groupes extrémistes" voulant faire de cette journée "un grand rendez-vous révolutionnaire" et prévoyant de "s'en prendre violemment aux forces de l'ordre ainsi qu'aux symboles du capitalisme".
Division syndicale
Côté syndical, la banderole de tête annonçait "Un premier mai revendicatif, combatif; contre la remise en cause des acquis sociaux, la sélection à l'université; pour le progrès social, la paix, la solidarité internationale".
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, a regretté que FO et la CFDT aient boudé l'appel de sa confédération. "J'en suis désolé, je ne comprends pas, alors qu'il y a beaucoup de luttes unitaires dans tout le pays, qu'au niveau des confédérations on n'arrive pas à mettre de côté nos différences pour travailler ce qui nous rassemble", a-t-il dit devant la presse. Bernadette Groison (FSU) a regretté elle aussi cette "tradition française" de division syndicale.
Parmi les manifestants, où figuraient aussi des étudiants et lycéens derrière les syndicats Unef et UNL, Damien Pesenti, 37 ans, est venu avec sa fille de 5 ans, un bouquet de muguet à la main. Enseignant en région parisienne, il manifeste "contre toutes les réformes néolibérales du gouvernement", notamment la "privatisation de la SNCF".
Dans les grandes villes, plusieurs dizaines de milliers de personnes avaient manifesté, souvent dans la matinée, dans une ambiance bon enfant, à l'appel de la CGT, rejointe par Solidaires et la FSU et parfois par La France Insoumise, le NPA, le PCF ou Lutte ouvrière.
Les cheminots, en grève deux jours sur cinq depuis début avril contre la réforme de la SNCF, participaient en nombre aux cortèges.
Les participants allaient de quelques centaines à Perpignan ou Auch, à 2.700 à Nantes, 4.000 à Grenoble ou 5.500 à Lyon selon les chiffres de la police. Plusieurs milliers de personnes ont aussi manifesté à Lille, Strasbourg, Nancy ou Toulouse.
"Macron, c'est le président des riches et des très riches, comme a dit Hollande", pour Geneviève Durand, retraitée de la fonction publique territoriale, venue manifester à Clermont-Ferrand et pour qui "on ne voit aucune politique sociale à l'horizon et on revient sur les avantages apportés par Mai 68. Les cheminots, les retraites, les hôpitaux… rien ne va, le service public est en train de se déliter".
En voyage à Sydney, en Australie, le président de la République a été interrogé sur son déplacement en pleines manifestations du 1er Mai. "Je ne suis pas d'un tempérament à esquiver quoi que ce soit", a-t-il répondu. "Vous voulez que je reste chez moi à regarder la télévision? J'ai autre chose à faire, je continue à travailler, les réformes continuent à être menées chaque jour".
"Jonction des forces"
Présent à Marseille, où la manifestation a rassemblé 4.200 personnes selon la police, le leader de la France Insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a estimé que "la jonction des forces (était) en train de se faire" entre mouvement social et forces politiques, constatant qu'en revanche, "rien n'est réglé pour ce qui est de la division syndicale".
Il est rare en effet que la journée internationale des travailleurs soit l'occasion de faire bloc pour les syndicats comme en 2002 pour "faire barrage" à Jean-Marie Le Pen.
Le nouvel homme fort de Force ouvrière, Pascal Pavageau, a annoncé au cours d'une conférence de presse qu'il allait contacter "dès demain" ses homologues des grandes centrales syndicales pour discuter d'une éventuelle "unité d'action". Sa centrale est cependant restée fidèle à son habitude de faire bande à part le 1er Mai.
De leur côté, CFDT, CFTC et Unsa ont organisé un 1er Mai en commun sous un mot d'ordre "revendicatif et culturel" avec la projection à Paris d'un film sur "le dialogue social et la négociation collective".
bow-burs/cel/nm
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