Le mouvement syndical et étudiant commence dès les premiers jours de mai 1968 en région parisienne. "Au départ, c'est un suivisme rouennais, raconte Yannick Marec, professeur d'histoire à l'université de Rouen (Seine-Maritime).
• Lire aussi: En images: Mai 68, le Calvados précurseur de la mobilisation nationale
"Il y a, à cette époque, une ébullition dans la jeunesse liée à la nouvelle culture, aux prises de position face à l'impérialisme américain et puis l'existence de deux syndicats étudiants : la Fer (fédération des étudiants de Rouen), plutôt à droite et l'Ager-Unef, plutôt à gauche et qui ont sensiblement la même importance et s'opposent. Les étudiants rouennais s'intéressent à ce qui se passe à Paris et leur entrée dans le mouvement se fait par le biais de manifestation et avec l'entrée des ouvriers dans le mouvement."
Dès le 13 mai 1968, l'usine Renault de Cléon est en grève. - IHS CGT 76
Le port de Rouen est fermé le 20 mai 1968. - IHS CGT 76
Effectivement, en parallèle, le monde ouvrier s'agite. Une première grève a lieu le lundi 13 mai 1968 à l'usine Renault de Cléon. "C'est une grève lancée par quasiment tous les syndicats pour manifester contre la répression à Paris et pour les revendications sur les ordonnances sur la sécurité sociale et la hausse des salaires", rappelle Jacky Maussion, président de l'Institut d'histoire sociale de Seine-Maritime.
Le 20 mai, la fonction publique rejoint le mouvement. Ici, les fonctionnaires des Postes, télégraphes et téléphones (PTT). - IHS CGT 76
À Petit-Quevilly, grève des ouvrières des Fermetures Eclair. - IHS CGT 76
De très grosses manifestations se déroulent dans tous le pays le 13 mai. Mercredi 15 mai, après le refus de la direction de recevoir les délégués du personnel, l'usine Renault est occupée et un appel est lancé pour faire de même dans toutes les autres usines de la région. Le lendemain, l'usine de Sandouville est occupée et le 20 mai, les cheminots entrent dans la lutte, le port de Rouen est fermé et la fonction publique rejoint le mouvement.
250 000 grévistes
"Dans la région rouennaise, un peu plus de 170 entreprises vont se mettre en grève dans les quatre ou cinq jours qui suivent. Le mouvement fait tache d'huile. C'est assez impressionnant. Au plus fort du mouvement, on comptera 250 000 grévistes en Seine-Maritime", raconte Jacky Maussion.
Manifestation devant l'hôtel de ville de Rouen. - IHS CGT 76
Manifestation du 13 mai place Saint-Marc à Rouen. - IHS CGT 76
Les cours, les examens et les écrits du baccalauréat sont annulés. Les lycéens entrent à leur tour dans le mouvement. "Ce mouvement a concerné les villes universitaires mais pas que, il y a aussi eu des grèves dans les grandes usines et même le milieu rural a été touché", se rappelle Yannick Marec.
Le cortège de manifestants passait déjà par la rue de la République. - IHS CGT 76
Les automobilistes immobilisés par la pénurie d'essence. - IHS CGT 76
Nouvelles manifestations
De nouvelles manifestations, très importantes ont lieu les 22 et 29 mai à Rouen.
Le 27 mai, les accords ou constat de Grenelle sont signés entre les syndicats, le patronat et le gouvernement et actent notamment une augmentation du SMIG, une réduction progressive du temps de travail et une reconnaissance du droit syndical.
Manifestation du 30 mai 1968 à Rouen pour soutenir le général de Gaulle. - Archives départementales de Seine-Maritime
Le général de Gaulle annonce le 30 mai à la radio la dissolution de l'Assemblée nationale et l'organisation d'élections législatives. En soutien, les gaullistes manifestent en nombre, notamment à Rouen.
Les manifestants se rassemblent devant l'hôtel de ville de Rouen, en soutien au général de Gaulle. - Archives départementales de Seine-Maritime
Un gaulliste remplace le drapeau rouge par un drapeau tricolore sur la statue de Napoléon, devant l'hôtel de ville de Rouen. - Archives départementales de Seine-Maritime
Manifestation des gaullistes devant la gare de Rouen. - Archives départementales de Seine-Maritime
À partir de cet instant, des négociations ont lieu dans entreprises et le travail reprend doucement.
A LIRE AUSSI.
Mai 68 vu par l'AFP - Et soudain en France tout s'arrête...
Mai 68 vu par l'AFP - Devant l'usine : "votre programme, c'est pas exaltant"
Des cheminots aux enseignants, une fin de semaine marquée par grèves et manifestations
Mai-68: cinquante ans après, une histoire toujours difficile à commémorer
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.