L'Etat hébreu confirme rarement ses opérations en Syrie. Une porte-parole de l'armée israélienne s'est refusée à tout commentaire, après les frappes qui ont visé dimanche soir des positions militaires du pouvoir de Bachar al-Assad, dans le centre et le nord du pays.
Mais ces dernières semaines, les responsables israéliens ont multiplié les déclarations fracassantes pour dénoncer l'implantation en Syrie de Téhéran, allié indéfectible du régime dans la guerre meurtrière qui ravage le pays depuis 2011.
Le 9 avril déjà, le pouvoir de Damas et son allié iranien avaient pointé du doigt la responsabilité d'Israël dans un raid meurtrier qui avait visé une base militaire dans la province centrale de Homs.
Et dimanche soir, les médias étatiques syriens ont dénoncé une "nouvelle agression" sans en identifier les auteurs, assurant que des "missiles ennemis" avaient visé "des positions militaires dans les provinces de Hama et d'Alep".
Un aéroport militaire d'Alep (nord) et la Brigade 47 à Hama (centre), où sont stationnées des forces iraniennes, ont été visés par ces bombardements "probablement israéliens", a affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Dans la Brigade 47, "au moins 26 combattants ont été tués, dont quatre syriens. Les autres sont des combattants de nationalités étrangères, avec une écrasante majorité d'Iraniens", a indiqué à l'AFP le directeur de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
"De par la nature des cibles, il s'agit probablement de bombardements israéliens", a-t-il précisé, ajoutant que ce sont "des entrepôts de missiles sol-sol qui ont été visés".
"Combat direct"
Israël et la Syrie sont officiellement en état de guerre. Les relations sont d'autant plus tendues que trois ennemis d'Israël opèrent sur le théâtre syrien: le régime lui-même, et ses grands alliés, l'Iran et le Hezbollah libanais pro-iranien.
Interrogé à la radio militaire israélienne, le ministre des Transports qui est également chargé des renseignements Yisrael Katz a affirmé qu'il "n'est pas au courant de cet événement".
Depuis le début du conflit syrien qui a fait plus de 350.000 morts, l'Etat hébreu a mené de nombreux raids aériens en Syrie.
"Tout site dans lequel nous constatons une tentative iranienne de s'implanter militairement en Syrie sera attaqué. Nous ne permettrons pas que cela se produise quel qu'en soit le prix" avait récemment averti le ministre israélien de la Défense Avigdor Lieberman.
Le 9 avril, au moins 14 combattants, dont sept Iraniens, avaient été tués dans la frappe contre la base militaire T4 à Homs, imputée à Israël.
Le Hezbollah avait dénoncé une "erreur historique", estimant que le raid engageait l'Etat hébreu dans un "combat direct avec l'Iran".
En février, l'armée israélienne avait visé ce même aérodrome militaire à Homs en affirmant qu'un drone avait été envoyé par l'Iran au-dessus de son territoire depuis ce lieu, présenté comme une "base iranienne".
"Dominer le Moyen-Orient"
Dimanche, le nouveau chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a réaffirmé la ligne dure de Washington vis-à-vis de Téhéran, assurant que "l'ambition de l'Iran reste de dominer le Moyen-Orient". Des "accusations absurdes et infondées", ont rétorqué les Affaires étrangères iraniennes.
Sans l'engagement de Téhéran, ou le soutien de Moscou, le régime syrien n'aurait pas été capable de multiplier les victoires face aux rebelles et aux jihadistes, jusqu'à reprendre le contrôle de plus de la moitié du territoire.
Sur un autre front de Syrie, des préparatifs étaient en cours lundi pour des évacuations de combattants dans le camp palestinien de Yarmouk, dernier réduit du groupe Etat islamique (EI) dans la périphérie sud de Damas.
Toutefois, les jihadistes de l'EI ne sont vraisemblablement pas concernés par l'accord, qui inclut principalement d'autres factions jihadistes et islamistes, selon l'OSDH.
Les forces loyalistes poursuivent depuis plus d'une semaine une opération militaire d'envergure contre l'EI à Yarmouk et des quartiers adjacents.
L'accord, qui doit entrer en vigueur lundi, prévoit le transfert des combattants vers la province d'Idleb, dans le nord-ouest syrien, selon l'agence de presse officielle Sana.
Cette région est dominée par les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham, organisation formée autour de l'ex-branche d'Al-Qaïda et rivale de l'EI.
En contrepartie, les insurgés dans la province d'Idleb vont autoriser l'évacuation, en deux étapes, de quelque 5.000 personnes dans les deux localités chiites prorégime qu'ils encerclent: Kefraya et Foua.
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