"La Première ministre a accepté ce soir la démission de la ministre de l'Intérieur", a déclaré un porte-parole de Downing street.
Amber Rudd, 54 ans, était sur la sellette depuis plusieurs jours après la révélation que ses services avaient des objectifs chiffrés pour expulser les immigrés clandestins. Elle avait tout d'abord nié être au courant de l'existence de tels objectifs devant une commission parlementaire.
"J'ai involontairement trompé la commission parlementaire des affaires intérieures sur les objectifs de déplacement des immigrés clandestins pendant leurs questions sur Windrush", a reconnu Amber Rudd dans sa lettre de démission à Theresa May.
Amber Rudd paie également pour le scandale dit de Windrush - le traitement des immigrés d'origine caribéenne arrivés au Royaume-Uni après la seconde guerre mondiale - qui a suscité une vague de colère dans le pays.
Les milliers d'immigrés venus des pays du Commonwealth entre 1948 - quand le Windrush, premier bateau transportant des migrants depuis les Caraïbes, a débarqué près de Londres - et le début des années 1970, pour reconstruire le pays après la Seconde guerre mondiale, avaient obtenu le droit de rester indéfiniment.
Mais ceux qui n'ont jamais réclamé de papiers d'identité en bonne et due forme se sont retrouvés traités comme des immigrés illégaux, courant le risque d'être expulsés s'ils ne fournissaient pas de preuve pour chaque année de présence au Royaume-Uni.
"Situation inexcusable"
Face au tollé soulevé par ces menaces d'expulsion, Theresa May avait été contrainte de s'excuser auprès des dirigeants de ces pays lors d'un sommet du Commonwealth à Londres du 16 au 18 avril dernier.
Lundi dernier, Amber Rudd avait dit "profondément regretter" cette situation, soulignant "l'importante contribution de la génération Windrush" au Royaume-Uni, et avait annoncé devant le parlement qu'ils pourraient obtenir la nationalité gratuitement.
Mais cette figure importante du gouvernement s'est à nouveau retrouvée en difficulté lorsqu'il est apparu que ses services avaient des objectifs chiffrés sur le nombre d'immigrés clandestins à refouler. La ministre avait dans un premier temps nié l'existence de tels objectifs ni en avoir connaissance, devant une commission parlementaire qui l'interrogeait mercredi dernier.
De nouvelles révélations, notamment dans le quotidien Guardian, sur l'existence d'un document intérieur semblant prouver qu'elle était au courant, ont rendu sa position intenable.
"L'architecte de cette crise, Theresa May, doit maintenant venir expliquer de façon honnête et détaillée comment cette situation inexcusable a pu se créer sous son ministère", a réagi sur Twitter la députée travailliste Diane Abbott, laissant ainsi entendre que Mme Rudd avait servi de fusible à Theresa May, ministre de l'Intérieur avant elle.
Le chef de la diplomatie Boris Johnson, chef de file des partisans du Brexit au sein du gouvernement, a rendu hommage dans un tweet à une "collègue de valeur qui a accompli un travail remarquable pendant les attentats de l'an dernier".
La démission de cette fidèle, qui avait succédé à Theresa May à l'Intérieur en 2016, est un coup dur pour la Première ministre, qui va affronter le 3 mai des élections locales à valeur de test pour son gouvernement, déjà déchiré par le Brexit et qui dispose d'une très mince majorité au Parlement.
C'est aussi la quatrième démission d'un membre du gouvernement en six mois, après celles du ministre de la Défense Michael Fallon et du vice-Premier ministre Damian Green pour harcèlement sexuel, ainsi que de la secrétaire d'Etat au développement Priti Patel.
Theresa May doit aussi gérer la profonde division de son parti conservateur sur le Brexit. Amber Rudd faisait partie du camp des ministres europhiles partisans du maintien de liens étroits avec l'UE après le départ de l'Union, prévu en mars 2019, et son départ modifie aussi l'équilibre au sein du gouvernement.
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