La candidature de Nikol Pachinian, 42 ans, qui est à la tête de la fronde antigouvernementale ayant provoqué la chute lundi de l'ex-Premier ministre Serge Sarkissian, devrait être proposée mardi au cours d'une session extraordinaire du Parlement pour élire un nouveau chef du gouvernement.
L'opposant, qui se présente comme le "candidat du peuple", a besoin de 53 voix pour être élu. Député, il peut déjà compter sur le soutien de son parti Elk (neuf sièges) et sur celui du parti Arménie prospère, qui a 31 sièges au Parlement arménien.
La formation Arménie prospère "ne présentera pas de candidature et soutiendra le candidat du peuple, quel qu'il soit", a ainsi annoncé samedi soir son dirigeant Gaguik Tsourakian, laissant entendre qu'il s'agit de Nikol Pachinian, sur la chaîne de télévision Kentron.
De son côté, le Parti républicain au pouvoir, qui dispose de 58 sièges au Parlement, "a décidé de ne pas désigner de candidat", a dit à l'AFP son porte-parole Edouard Charmazanov.
"Nous allons voir quels candidats se présentent et nous déciderons alors pour qui nous voterons", a-t-il ajouté, après avoir précisé plus tôt que son parti donnerait lundi "sa position sur le vote" pour l'élection du nouveau Premier ministre.
"Cela ne signifie pas que le Parti républicain sort du jeu", a aussitôt tempéré l'analyste arménien Stepan Safarian. "On ignore encore s'ils vont participer au vote ou bien le rendre invalide", a-t-il expliqué.
Washington et Moscou veillent
Nikol Pachinian s'est lui-même montré circonspect quant aux déclarations du Parti républicain. "Ce ne sera bon que lorsque toutes les forces parlementaires auront annoncé leur volonté de soutenir ma candidature", a-t-il dit.
Samedi, le département d'Etat américain a exhorté toutes les parties à "engager des négociations de bonne foi".
"En tant qu'amis de l'Arménie, nous exhortons toutes les parties à engager des négociations de bonne foi pour la formation d'un nouveau gouvernement, conformément à la Constitution, et pour atteindre une solution reflétant les intérêts de tous les Arméniens", a indiqué le département d'Etat dans un communiqué.
Il a ajouté que les Etats-Unis soutenaient les efforts de dialogue menés par le nouveau président Armen Sarkisian.
"Nous continuons de saluer le caractère pacifique des manifestations, avons confiance dans le fait que les forces de sécurité comme les manifestants resteront attachés à la non-violaence dans les jours à venir", a-t-il poursuivi.
De son côté, la Russie, qui dispose d'une base militaire en Arménie, s'est placée en médiatrice du conflit, que le Kremlin qualifie cependant d'"affaire intérieure arménienne".
Le président Vladimir Poutine s'est ainsi entretenu jeudi au téléphone avec Karen Karapetian, après avoir déjà fait de même la veille avec son homologue arménien Armen Sarkissian. Le même jour, le vice-Premier ministre, Armen Guevorkian, et le chef de la diplomatie, Edouard Nalbandian, faisaient le voyage à Moscou pour des "consultations".
Nikol Pachinian a ét reçu mercredi à l'ambassade de Russie en Arménie.
Samedi, il a également appelé les Arméniens à sortir dans les rues d'Erevan dimanche dès 08H00 GMT.
Accueilli en héros au cours d'un périple samedi à travers l'Arménie, Nikol Pachinian s'est rendu à Dilikan et à Idjevan, dans le nord-est, avant de rejoindre Vanadzor, la troisième ville de ce pays.
Quelques centaines de personnes, beaucoup arborant le drapeau orange, bleu et rouge de l'Arménie, sont allées à sa rencontre.
"Nous voulons (...) que Pachinian soit élu Premier ministre tout de suite. Si les Républicains refusent de quitter le pouvoir, nous allons les forcer pacifiquement à le faire", a déclaré à l'AFP Armen Ovsepaïan, un musicien de 43 ans qui habite à Dilikan.
M. Karapetian avait refusé vendredi de négocier une sortie de la crise politique avec M. Pachinian, qui avait participé dans les rues de Gioumri (nord-ouest) à un défilé de milliers de ses partisans.
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