Cette année, le 1er-Mai s'inscrit dans un contexte social très agité. Fonctionnaires, cheminots, retraités, salariés des Ehpad, de Carrefour, personnel d'Air France... Depuis le début de l'année, le mécontentement monte et les mobilisations se multiplient.
La mobilisation du 1er-Mai intervient d'ailleurs entre deux séquences de grève des cheminots contre la réforme de la SNCF, les 28 et 29 avril et les 3 et 4 mai. Chose rare, les syndicats font front commun chez les cheminots, comme d'ailleurs chez les fonctionnaires. Une large intersyndicale est également à la manoeuvre dans le conflit à Air France.
Mais l'unité ne s'étend pas aux confédérations.
Pour l'heure, il n'y a guère que Solidaires, syndicat non représentatif au niveau interprofessionnel, qui réponde aux appels cégétistes à une "convergence des luttes". CGT et Solidaires ont défilé ensemble le 19 avril et seront de nouveau côte à côte à l'occasion du 1er-Mai. A Paris, leur manifestation partira à 14H30 de la place de la Bastille, pour rejoindre la place d'Italie.
Mais les autres syndicats sont plus réticents, voire totalement récalcitrants.
La convergence des luttes n'est "pas la tasse de thé de la CFDT", selon son leader Laurent Berger. Estimant que ce mode d'action "ne permet jamais d'avoir des résultats concrets pour les travailleurs", son syndicat a dit "non" au 1er-Mai unitaire proposé par Philippe Martinez, son homologue de la CGT.
Le premier syndicat du secteur privé organise, à la place, un "1er-Mai culturel et revendicatif" avec la CFTC et l'Unsa, autour de la diffusion en avant-première d'un film italien, "7 minuti", sur les ouvrières d'une usine textile.
"Unité la plus large"
La CFE-CGC, quant à elle, n'organise pas d'événement pour le 1er-Mai. Selon son président, François Hommeril, la convergence des luttes "nuit à l'efficacité syndicale" et comporte "beaucoup trop de risques" de mélange des genres avec le politique.
Reste FO, dont la position est en train d'évoluer. Le syndicat, qui a changé vendredi de chef, est au milieu du gué. Au cours de l'année écoulée, le sortant, Jean-Claude Mailly, rechignait à battre le pavé avec la CGT, mais son successeur, Pascal Pavageau, se montre plus ouvert. Il ne manifestera pas avec la CGT le 1er-Mai mais veut construire "l'unité la plus large" pour la suite.
Il a indiqué que, "dès la semaine prochaine", il allait prendre contact avec ses homologues pour discuter d'une future "mobilisation interprofessionnelle", conformément au mandat que lui ont donné les militants de FO.
En attendant, M. Pavageau ne "s'affichera avec aucune autre organisation syndicale" pour le 1er-Mai et, s'il manifeste, ce sera avec ses "camarades FO". Certains seront pourtant aux côtés de la CGT mardi, l'union régionale d'Ile-de-France (Urif) de Force ouvrière s'étant jointe à l'appel parisien.
Du côté de l'exécutif, Emmanuel Macron ne croit pas à une "coagulation" des "mécontentements" qui, selon lui, ont "peu à voir" entre eux. La mobilisation interprofessionnelle du 19 avril, à l'appel de la CGT, avait tout de même fait descendre plus de 100.000 personnes dans les rues de France.
A Paris, les syndicats ne seront pas seuls à manifester mardi: le Mili (Mouvement inter luttes indépendant) a lancé un appel général sur Facebook à "faire vivre une journée en enfer" à Emmanuel "Macron et son monde".
Ce collectif "antifasciste et anticapitaliste", proche de l'extrême gauche, compte sur "la résonance internationale" du 50e anniversaire de Mai 68 pour drainer dans le cortège "des camarades venus des pays voisins".
La dernière grande manifestation des cheminots du 22 mars avait vu des jeunes cagoulés s'en prendre aux vitrines d'agences bancaires et de sociétés d'assurance. Bouteilles et pierres avaient également été lancées sur les CRS qui avaient répliqué par un canon à eau et des gaz lacrymogènes.
L'an passé, le défilé du 1er mai avait fait six blessés chez les policiers, dont l'un avait été très grièvement brûlé par un cocktail Molotov.
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