La chancelière allemande assise à ses côté dans le Bureau ovale, le président américain a loué "une femme extraordinaire", assurant, en dépit de réels moments de tensions au cours de l'année écoulée, avoir toujours eu d'"excellentes relations" avec elle.
Les deux dirigeants se sont brièvement serré la main dans le Bureau ovale, mais leurs retrouvailles n'ont, sans surprises, pas donné lieu aux embrassades, tapes dans le dos et signes ostensibles de complicité affichés par le président américain et son homologue français en début de semaine.
La brève visite de Mme Merkel, au cours de laquelle une conférence de presse commune est prévue, contraste avec la "visite d'Etat" à laquelle M. Macron a eu droite, entre tapis rouge et dîner fin avec tarte aux nectarines infusée de miel de la Maison Blanche.
Sur le fond, les discussions entre le président américain, au pouvoir depuis 15 mois, et la chancelière allemande, qui a obtenu un quatrième mandat à l'issue de plusieurs mois de tractations dont elle est ressortie affaiblie, s'annoncent particulièrement tendues.
"Il était important pour cette première visite en dehors d'Europe de venir aux Etats-Unis pour (...) approfondir encore les relations (entre les deux pays)", a souligné Mme Merkel, lors de brèves remarques au cours desquels elle n'a pas évoqué les points de discorde.
L'ancien homme d'affaires de New York a promulgué des taxes de 25% sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium en mars, accusant ses partenaires commerciaux de pratiques déloyales. Il en a néanmoins exempté l'Union européenne jusqu'au 1er mai.
Concessions ?
Or Larry Kudlow, son principal conseiller économique, a prévenu jeudi que ces exemptions ne seraient prolongées que si les Etats-Unis obtenaient des concessions, évoquant en particulier le secteur automobile.
Ses déclarations ont entraîné une réponse cinglante du ministre français de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, qui a assuré que l'Union européenne saurait réagir en cas de "guerre commerciale". "Pourquoi ferions-nous des concessions? Au nom de qui, au nom de quoi ?", a-t-il lancé.
La chancelière allemande, arrivée dans la capitale fédérale américaine jeudi dans la soirée, se fait peu d'illusions sur ce dossier épineux.
"On doit partir du principe que les taxes douanières seront là le 1er mai", a indiqué un responsable gouvernemental allemand sous couvert de l'anonymat, "il nous faudra voir ce que nous allons faire".
L'autre objectif de Mme Merkel est de tenter de convaincre le président américain que l'accord sur le nucléaire iranien doit être préservé, faute de quoi Téhéran pourrait reprendre sa quête de l'arme atomique et provoquer une course à l'armement dans une région instable.
Mais à l'approche de la date-butoir du 12 mai, les signaux sont peu encourageants. Le président républicain semble se préparer à "déchirer" ce texte négocié par son prédécesseur démocrate Barack Obama.
A l'issue de sa visite de trois jours à Washington, Emmanuel Macron a dit avoir le sentiment que Donald Trump allait retirer les Etats-Unis de cet accord "pour des raisons de politique intérieure".
Excepté Washington, tous les signataires --Paris, Berlin, Londres, l'UE, Pékin et Moscou -- et les inspecteurs internationaux considèrent que Téhéran tient ses engagements.
"Le principal problème de Merkel est qu'elle doit être à la hauteur des attentes selon lesquelles elle est désormais le véritable leader du monde libre", souligne Mona Krewel de Cornell University. "Trump ne devrait rien faire pour lui faciliter la tâche", prédit-elle.
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