Assis sur un charriot à côté de son chien Mammouth et devant un étal de petits cœurs et croix en bois, Jean-Philippe Phippen compte les passants rue du Gros-Horloge. Ils sont "100 à la minute" à passer devant lui. Quelques-uns s'arrêtent, discutent avec ce spécialiste de la taille de pierre, fin connaisseur de Rouen (Seine-Maritime) et de ses secrets et qui ne loupe pas une occasion de les dévoiler, comme avec cette guide touristique : "Vous savez pourquoi un des quatre anges sculptés sur le Gros Horloge a la tête à l'envers ? C'est parce qu'arrivés au troisième, les sculpteurs ont appris qu'ils seraient moins payés que prévu. Ils ont donc sculpté la tête du quatrième à l'envers, en signe de mécontentement."
C'est la même chose avec les touristes avec qui il parle notamment allemand, une langue qu'il a apprise grâce à son métier de tailleur de pierre : "Quand on fait les chantiers, on est appelé un peu partout, j'ai habité en Suède, en Allemagne et aux quatre coins de la France."
La taille de pierre pour s'en sortir
Jean-Philippe Phippen participait à la restauration d'église ou de château. Il fait aussi du bénévolat avec les chantiers Remparts depuis 28 ans.
Il y a six ans, sa vie bascule quand sa fille de 20 ans décède, "j'ai tout quitté". Il se retrouve peu à peu à la rue et loge dans une église qu'il restaure. Son métier lui reste en tête et l'aide à s'en sortir, "il a bien fallu vivre, donc j'ai fait des petits objets". Ce sont ces objets en bois qu'il met en vente pratiquement tous les jours rue du Gros-Horloge. Il devient une figure de la rue, se fait surnommer "Tonton" et une proche lui crée une page Facebook (L'atelier de Tonton).
Aidé par l'association Émergence, il se relève progressivement, fait les papiers pour obtenir le RSA et obtient un appartement à Ry. C'est là qu'il va ouvrir dans les prochains jours son atelier de taille de pierre, dans un local prêté par la mairie pour au moins un an. "J'ai tous les outils, il ne me manque plus que la pierre", explique-t-il. Avec cette pierre, il va faire "de la gargouille, tout ce qu'il y a dans la cathédrale, mais aussi des sculptures, des chats, des chiens. Je fais sur commande".
Jean-Philippe Phippen va prendre le statut d'autoentrepreneur et il a plusieurs idées en tête pour se faire connaître et faire découvrir son métier, notamment organiser des séances de taille de pierre devant la cathédrale.
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