Le député et opposant Nikol Pachinian, 42 ans, qui a mobilisé des dizaines de milliers de personnes depuis le 13 avril contre l'ancien président Serge Sarkissian, devenu pour quelques jours seulement Premier ministre, et contre son Parti républicain au pouvoir, a proposé au chef du gouvernement par intérim Karen Karapetian de s'entretenir vendredi matin dans un grand hôtel de la capitale Erevan, en présence de la presse.
Cette proposition a été rejetée par M. Karapetian qui a estimé, selon son porte-parole Aram Araratian, "que des négociations où une partie dicte son agenda à l'autre (...) ne peuvent pas être considérées comme des négociations".
"Le Premier ministre par intérim juge sans perspective de participer à des +négociations+ qui ne permettent pas de trouver une solution" à la crise qui secoue l'Arménie depuis deux semaines, a expliqué à l'AFP M. Araratian.
M. Pachinian a aussitôt accusé le Parti républicain, dont M. Karapetian fait partie, de vouloir "approfondir la crise" politique en Arménie.
'conforme à la Constitution'
Le président du Parlement arménien Ara Babloïan a convoqué jeudi une réunion extraordinaire pour le 1er mai consacrée à l'élection d'un nouveau Premier ministre, après la démission de Serge Sarkissian le 23 avril sous la pression de dizaines de milliers de manifestants.
Nikol Pachinian, qui se présente comme le "candidat du peuple", doit être proposé au poste de Premier ministre par le bloc d'opposition Yelk. Mais le Parti républicain au pouvoir dispose toujours d'une majorité au Parlement et a théoriquement toutes les chances de faire élire son candidat.
Jeudi soir, M. Pachinian avait posé un ultimatum en affirmant être le seul candidat possible à ce poste, devant des milliers de ses partisans réunis sur la place de la République, au coeur d'Erevan et haut lieu de la contestation anti-Sarkissian.
"Si je ne suis pas élu Premier ministre, il n'y aura pas du tout de Premier ministre en Arménie", avait-il affirmé.
"Il doit y avoir une solution qui résolve vraiment la crise politique, et je suis convaincu que si le Parti républicain fait élire son candidat, cela voudra dire que la crise politique actuelle s'aggrave", a insisté M. Pachinian vendredi, devant la presse.
"Notre objectif est d'obtenir des changements réels", a-t-il souligné.
"Ce que nous proposons est 100% conforme à la Constitution", a-t-il assuré, en rappelant que "le Parlement peut nommer au poste de Premier ministre n'importe quelle personne, sans qu'elle soit forcément membre du parti au pouvoir ou de la majorité parlementaire".
'reprendre avec de nouvelles forces'
Nikol Pachinian a par ailleurs annoncé la suspension des protestations pour deux jours -- vendredi et samedi, après treize jours d'une mobilisation marqués par le blocage des routes et de fortes perturbations du trafic, "pour que le peuple puisse se reposer un peu".
Dimanche, les manifestations de protestation antigouvernementales doivent cependant "reprendre avec de nouvelles forces", a précisé M. Pachinian.
Vendredi après-midi, l'opposant, accompagné de ses partisans, envisage de se rendre à Gioumri, la deuxième ville du pays, avant de visiter samedi Vanadzor, la troisième ville d'Arménie.
"C'est un acte symbolique, parce que ces villes ont été très actives pendant tout ce temps, et nous voulons rencontrer leurs habitants", a expliqué M. Pachinian.
La Russie, qui dispose d'une base militaire en Arménie, a commencé jeudi à se placer en médiateur dans ce conflit que le Kremlin qualifie cependant d'"affaire intérieure arménienne".
Le président Vladimir Poutine s'est ainsi entretenu jeudi au téléphone avec Karen Karapetian, après avoir déjà eu la veille un entretien téléphonique avec son homologue arménien Armen Sarkissian.
Pour leur part, le vice-Premier ministre et le chef de la diplomatie arméniens se sont rendus jeudi à Moscou pour des "consultations", alors que Nikol Pachinian a été reçu mercredi soir à l'ambassade de Russie en Arménie "pour discuter de la situation à Erevan et dans le pays".
A LIRE AUSSI.
L'Arménie face à l'explosion des avortements sélectifs de filles
Madrid veut bloquer la candidature de Puigdemont comme président de Catalogne
Présidentielle: la discorde Hollande-Valls à son paroxysme
Présidentielle: Fillon va être investi candidat de la droite
Le premier jour de sa présidence, Trump retirera les Etats-Unis d'un accord commercial
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.