"Ca va très vite, on joue très gros. Si on fait des petites erreurs, cela se répercute en grosses sommes. Il faut choisir les bons produits au meilleur prix", commente Marc van Graas. En trois quarts d'heure, ce grossiste néerlandais a acheté pour plus de 100.000 euros de pivoines pour sa société aux Pays-Bas qui les exportera dans le monde entier. En moins d'une heure, des centaines de milliers d'euros sont dépensés par les grossistes.
Des acquéreurs qui se rongent les ongles, mâchouillent frénétiquement leur chewing-gum ou agitent nerveusement leur jambe : au pic de la production de la pivoine, la tension atteint des sommets sous le hangar du marché aux fleurs de Hyères, premier de fleurs coupées de France et quatrième en Europe, derrière les Pays-Bas.
Dès 5H30, installés derrière des pupitres, les acheteurs ont le doigt sur le clavier pour remporter les lots dont les prix à trois décimales affichés sur un cadran décroissent pendant que les bouquets entreposés sur des chariots sortant des chambres froides et poussés manuellement défilent sans discontinuer.
- "produit exceptionnel" -
Simple ou double, l'espèce aux pétales foisonnants allant du rose pastel au rouge carmin, cultivée en plein champ entre avril et mai dans le sud de la France connaît depuis une dizaine d'années un engouement international.
"Du Qatar à New York en passant par la Chine ou la Suisse, on sait que c'est la meilleure du moment", souligne M. van Graas qui met en avant le savoir-faire et l'investissement des producteurs de la région depuis ces cinq dernières années.
"Les prix qu'on paie sont exceptionnels parce qu'ils font un produit exceptionnel, de luxe", ajoute l'acheteur en contact avec ses collègues aux Pays-Bas qui l'informent en direct par téléphone de l'évolution des cours.
Signe de la nervosité du secteur, dès la veille au soir, la Sica Marché aux fleurs de Hyères reçoit mails et textos pour en savoir plus sur cette production très attendue dont les volumes qui ne cessent de croître font -contrairement à ce qu'on pourrait penser - monter les prix grâce à son ouverture au marché international.
Longueur des tiges, variétés, couleurs, stade de floraison, les prix de vente des 300.000 boutons destinés à 60% à l'export vont varier ce jour-là de 0,155 centimes d'euros à 2,805 la tige.
Une aubaine pour les horticulteurs du département qui ont massivement abandonné la production de roses, trop coûteuse et soumise à une forte concurrence des pays d'Afrique. La pivoine représente désormais leur premier chiffre d'affaires.
"Il a fallu faire un choix économique: les coûts du chauffage et des produits phytosanitaires étaient de plus en plus élevés pour les roses", explique Robert Oltra, l'un des 130 producteurs du département, installé dans le village de la Crau et qui coupe ses pivoines à la main.
Rustique, la pivoine locale commence à être concurrencée par les Italiens et les Espagnols, nouveau venus sur le marché, mais la France, grâce à son climat modéré, reste le premier producteur de la saison, se félicite Gilles Rus, directeur de développement de la Sica (Société d'intérêts collectifs agricoles) qui prend 10% de commission sur les ventes.
"La pivoine annonce les beaux jours du printemps, c'est une fleur qui vit et qui, lorsqu'on la met en vase, s'ouvre lentement, est odorante et c'est ce qui plait au consommateur", analyse M. Rus pour expliquer le succès de cette fleur ancienne originaire de Chine.
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