"Pour permettre une issue positive au conflit en cours, êtes-vous favorable à l'accord salarial proposé le 16 avril 2018?": l'avenir de Jean-Marc Janaillac à la tête d'Air France dépend du résultat, attendu le 4 mai, de cette consultation lancée jeudi auprès des 46.771 salariés de la compagnie.
Le "oui" l'emporte? Il reste en fonction mais avec l'obligation de faire signer aux syndicats un texte qu'ils rejettent.
Le "non" l'emporte? Il démissionne... et le conflit perdure.
Dans ce cas, "j'inciterais volontiers tout le monde à boucler sa ceinture de sécurité parce que les turbulences à mon avis ne seraient pas minimes", a déclaré jeudi sur Europe 1 le Premier ministre Édouard Philippe, saluant l'initiative "courageuse" du dirigeant.
La compagnie est engluée dans un feuilleton de grèves par intermittence depuis le 22 février. Elle a dû annuler au moins un quart des vols à chacune des onze journées de grève subies, occasionnant une perte estimée à "près de 300 millions d'euros".
Or, la facture pourrait encore s'alourdir car quatre nouveaux préavis ont été déposés pour les 3 et 4 mai (jours de grève à la SNCF), puis les 7 et 8 mai (un des "ponts" de mai).
"Sans accord négocié, la mobilisation continue", a justifié jeudi l'intersyndicale, emboîtant le pas des trois syndicats de pilotes qui ont annoncé dès mercredi soir leur intention de faire grève à ces dates.
"Tout reste à faire"
Les dix syndicats de tous métiers qui la composent réclament une augmentation de 5,1% dès cette année pour compenser la perte de pouvoir d'achat subie, selon eux, depuis la dernière augmentation générale en 2011.
La direction propose une hausse générale des salaires de 2% en 2018, puis 5% supplémentaires sur la période 2019-2021 (en fonction des résultats de l'entreprise), ainsi que des augmentations individuelles pour les personnels au sol.
Mais pour l'intersyndicale, "ce projet qui vise à fixer dès aujourd'hui la trajectoire des salaires pour les trois prochaines années, n'est pas une réponse au conflit en cours dont l'objectif est de solder les sept années de blocage de nos grilles de salaires".
Dans une déclaration transmise à l'AFP, la direction d'Air France "déplore la décision de l'intersyndicale de suivre les trois syndicats de pilotes dans la fuite en avant que constitue le dépôt de ces nouveaux préavis de grève".
Plus tôt, elle avait jugé que les préavis des syndicats de pilotes SNPL (majoritaire à 65%), Spaf (21%) et Alter (non représentatif), "alors même que les salariés d'Air France sont appelés à exprimer leur voix, sont non seulement incompréhensibles mais indiquent clairement le mépris qui est fait de leur avis".
Même s'ils partagent les revendications de l'intersyndicale, les syndicats de pilotes négocient dans le même temps des revalorisations salariales propres à leur profession.
"Les discussions ont débuté mais aucun accord définitif ne se dessine", "tout reste à faire", a déclaré à l'AFP le président du SNPL, Philippe Evain.
Celui du Spaf, Grégoire Aplincourt, reconnaît certes des "avancées" sur la prime de commandement des pilotes moyen-courriers, notamment. Mais "il manque des mesures communes à tous les pilotes", selon lui.
La négociation s'embourbe car les deux parties ne l'abordent pas avec les mêmes ambitions.
La direction veut discuter en même temps des salaires et des "leviers de croissance" possibles (développement de Transavia par exemple); les pilotes veulent d'abord voir leurs revendications satisfaites, avant de "discuter de tout le reste".
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