En première analyse, les commentateurs allemands relevaient bien sûr les trois causes directes de la défaite 1-2 face au tenant du titre en demi-finale aller mercredi soir: les absences de Vidal et Alaba et les sorties sur blessures de Robben et Boateng en début de match, les erreurs défensives fatales, et surtout un incroyable manque de réalisme devant le but.
Mais Thomas Müller, le capitaine bavarois, très affecté après ce match dominé par son équipe, regardait lui au delà de ces raisons évidentes: "Nous nous sommes créé de très très bonnes occasions. En Bundesliga, nous les mettons au fond. Peut-être que l'enjeu de ce match a joué un rôle", a-t-il dit.
Ce que le quotidien Fussball Bild résumait en première page par un constat amer: "Trop bons pour le football allemand, mais de nouveau pas assez pour le Real Madrid. Telle est la réponse à la question sur la qualité réelle du FC Bayern".
Six défaites consécutives
Contre la "Maison Blanche", le bilan récent est en effet sans appel: Munich reste sur six défaites consécutives depuis 2012, dont trois à l'Allianz Arena.
Sur la vue du match aller, une victoire allemande à Madrid n'est pas à exclure. Mais le Real aura pour atout une habitude supérieure des rencontres de très haut niveau.
Chaque saison, l'équipe de Zinédine Zidane joue contre Barcelone au moins deux Clasicos, et affronte l'Atletico dans des derbies entre équipes habituées au sommet européens. En Ligue des champions, le sort a en outre offert aux Madrilènes cette année le Paris SG puis la Juventus. Autant de rencontres qui permettent à une équipe de rôder les réflexes indispensables au plus haut niveau.
Le Bayern, lui, écrase la Bundesliga. Il a passé six buts fin mars à Dortmund, censé être son premier opposant sur la scène nationale, et encore six la semaine dernière en demi-finale de Coupe sur la pelouse de Leverkusen, une équipe pourtant en passe de se qualifier pour la prochaine Ligue des champions.
En C1, son premier adversaire en élimination directe a été Besiktas, balayé 5-0 dès le match aller. En quart, les champions d'Allemagne ont gagné à Séville (2-1) puis concédé le nul 0-0 au retour. Les occasions manquées de ce match ne les avaient pas vraiment traumatisés. A tort. On a vu mercredi que le manque de réalisme se paye cash.
Un seul défi, le PSG
Finalement, seul le Paris SG en phase de poule avait réellement mis Munich au défi cette saison. La défaite 3-0 au Parc des Princes en septembre avait même provoqué le limogeage de l'entraîneur Carlo Ancelotti. Avec son successeur Jupp Heynckes, les Allemands avaient pris leur revanche 3-1 au retour. Mais l'enjeu n'était pas celui d'une demi-finale.
Sur le plan du jeu, Munich a pourtant prouvé qu'il était à la hauteur du Real, voire supérieur. Mais les matches de ce calibre se jouent sur des détails et ne tolèrent aucune erreur. Or, tacle jeudi le magazine du football Kicker, "ces 94 minutes ont montré que les Bavarois commettent de grosses fautes dans les moments décisifs, comme celle de Rafinha qui amène le but du 2-1, et qu'ils sont trop inoffensifs devant le but adverse".
Le problème de l'environnement moins compétitif du Bayern n'est pas nouveau. Lors des quatre dernières saisons (depuis son titre de 2013), le "Rekordmeister" a été éliminé quatre fois par des équipes espagnoles, le Real deux fois, Barcelone et l'Atletico une fois.
cpb/sg
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