Le chef de l'Etat français, dans un discours en anglais de trois quarts d'heure, a plaidé contre la tentation nationaliste.
"Nous pouvons choisir l'isolationnisme, le retrait et le nationalisme. Ce n'est pas une option. Ce peut être un remède tentant à nos peurs. Mais fermer la porte au monde n'arrêtera pas l'évolution du monde", a-t-il déclaré, après une introduction appuyée sur l'ancienne amitié franco-américaine, dans la lignée des autres dignitaires français ayant reçu les honneurs du Capitole depuis le premier d'entre eux, le marquis de Lafayette en 1824.
Son entrée s'est d'ailleurs faite sur une ovation de trois minutes des représentants et sénateurs, dont plusieurs centaines étaient présents.
Face à ce Congrès contrôlé par les républicains, il a défendu l'utilité des institutions internationales fondées depuis la Seconde guerre mondiale avec le soutien des Etats-Unis, jouant sur les sensibilités républicaines en insistant sur la lutte contre le terrorisme... Et plus encore sur celles des élus démocrates lors de passages sur la défense de la science et du climat - répétant, au grand plaisir de ces derniers, qu'il n'y avait pas de "planète B".
"Je suis certain qu'un jour les Etats-Unis reviendront dans l'accord de Paris" sur le climat, a-t-il aussi dit, faisant bondir de joie les démocrates, dont certains criaient "Vive la France"... tandis que les républicains restaient les bras croisés, non sans un sourire face aux légères impertinences de leur hôte.
Suivant la tradition, les ovations et les rires ont émaillé le discours, bien que certains parlementaires aient dû tendre l'oreille pour déchiffrer l'accent du chef de l'Etat, qui s'est entièrement exprimé en anglais, à l'exception de sa conclusion: "Vive la République, vive la France, vive notre amitié".
"Jamais"
M. Macron a longuement plaidé pour le nouvel accord plus large sur l'Iran et la question nucléaire, dont il a ébauché les contours la veille avec son homologue américain, mais dont Moscou et Téhéran ont déjà rejeté le principe.
"Quant à l'Iran, notre objectif est clair. L'Iran ne devra jamais posséder l'arme nucléaire. Pas maintenant. Pas dans cinq ans. Pas dans dix ans. Jamais", a ensuite souligné Emmanuel Macron, une phrase qui a cette fois suscité des applaudissements de l'ensemble des élus américains.
Sur le commerce, il a redit qu'il était favorable à un "commerce juste et équitable", mais rejeté comme pas "cohérente" toute guerre commerciale entre alliés, allusion aux taxes sur l'acier et l'aluminium envisagées par Donald Trump contre l'Union européenne.
Comme de Gaulle, Mitterrand ou Sarkozy avant lui, le président français a retracé le fil de l'"indestructible" amitié franco-américaine, la qualifiant même de "relation spéciale", un terme habituellement réservé au Royaume-Uni.
Aucun autre pays n'aura vu autant de dignitaires reçus ainsi au Congrès américain.
"Je ne m'attendais pas à une opposition aussi directe au président", a dit ensuite à l'AFP l'élu démocrate Adam Schiff. A la fin du discours, nombre de démocrates se sont attardés pour serrer la main du dirigeant.
A l'inverse, l'élu républicain ultra-conservateur Thomas Massie a qualifié le président français de "socialiste militariste globaliste alarmiste sur la science".
Fin de la visite d'Etat
L'après-midi de mercredi, troisième et dernier jour de la visite d'Etat à Washington, sera plus léger. M. Macron pratiquera un sport oratoire qu'il adore : un débat à bâtons rompus devant des étudiants, comme il l'a déjà fait en Inde et au Burkina Faso.
Ces images permettront de tourner la page de discussions diplomatiques avec Donald Trump particulièrement ardues la veille sur l'Iran, face à un président qui, a reconnu M. Macron, comme lui, "ne change pas d'avis facilement".
Son interlocuteur a redit que l'accord sur le nucléaire de 2015 était "désastreux". Mais l'Iran et la Russie ont donné mercredi une fin de non-recevoir à cette tentative de renégociation.
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