Député et chef de la contestation, M. Pachinian, 42 ans, s'est déclaré mardi "prêt à diriger le pays", si le peuple lui "confie cette responsabilité".
Mercredi, le bloc d'opposition Yelk a annoncé avoir décidé de proposer la candidature de Nikol Pachinian comme Premier ministre, un poste doté de pouvoirs renforcés dans ce pays du Caucase du Sud face à un président aux fonctions essentiellement honorifiques.
Une fois que sa candidature sera soumise au vote au Parlement, M. Pachinian aura besoin de 53 voix pour être élu. Il ne peut compter actuellement que sur le soutien de 40 députés, selon un responsable de ce bloc, Edmon Maroukian.
Pour sa part, le Parti républicain de Serge Sarkissian, dont fait partie aussi le Premier ministre par intérim Karen Karapetian, disposait jusqu'ici de 65 sièges au Parlement sur 105 avec son proche allié, la Fédération révolutionnaire arménienne (FRA). Cette dernière a cependant annoncé dans la soirée quitter la coalition au pouvoir.
Ainsi, même après la scission de la FRA, le Parti républicain avec ses 58 sièges a toutes les chances de faire élire de nouveau son candidat, une option rejetée par Nikol Pachinian.
"inacceptable"
"Le Parti républicain doit partir... Tous... Les républicains doivent reconnaître la victoire du peuple...", a lancé mercredi M. Pachinian, alors qu'il défilait à travers Erevan à la tête des milliers de ses partisans.
L'opposant a également jugé "inacceptable" qu'un représentant de ce parti reste Premier ministre par intérim jusqu'à l'organisation des élections anticipées.
A Erevan, la capitale arménienne, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue mercredi matin à son appel, en scandant "Nikol, notre Premier ministre!" et "Nous sommes les maîtres de notre pays!", ont constaté des journalistes de l'AFP.
Face à la reprise de la contestation, des centaines des policiers et des forces anti-émeutes, ainsi que plusieurs véhicules blindés ont été déployés dans le centre-ville. La police n'est toutefois pas intervenue, en soulignant dans un communiqué "ne pas avoir le droit de soutenir telle ou telle partie".
Dans la soirée, la place de la République, au coeur d'Erevan et haut lieu de la contestation anti-Sarkissian, était de nouveau pleine à craquer, les manifestants brandissant des drapeaux arméniens et scandant "Victoire!".
Une importante manifestation de protestation a également eu lieu à Vanadzor, troisième plus grande ville du pays, selon des images des télévisions.
"Le départ de Serge ne suffit pas. Son parti veut rester au pouvoir mais le peuple veut qu'ils partent tous pour que nous vivions enfin normalement", a déclaré à l'AFP une manifestante, Rouzanna Vartanian, avocate de 40 ans.
"Nous exigeons que les républicains partent (...). Sinon, rien ne va changer", a expliqué Varazdat Panoïan, metteur en scène, 28 ans, qui participait lui aussi à la manifestation sur la place de la République.
espoir d'un "compromis"
Pour sa part, Karen Karapetian a déclaré mercredi, lors d'une conférence de presse, ne pas être opposé à l'organisation d'élections législatives anticipées, tout en soulignant qu'une telle décision devait être prise par "toutes les forces politiques" du pays.
De son côté, le président arménien Armen Sarkissian (sans lien de parenté avec son prédécesseur) a appelé toutes les parties au dialogue, en espérant qu'un compromis puisse être trouvé.
La Russie "suit attentivement la situation" en Arménie et espère qu'une "solution stable" sera trouvée prochainement, a déclaré à Moscou le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, en réitérant une nouvelle fois qu'il s'agissait d'une "affaire intérieure" de ce pays.
Depuis le 13 avril, les manifestations se sont succédé à Erevan pour exiger le départ du Premier ministre Serge Sarkissian, accusé par les contestataires de s'accrocher à tout prix au pouvoir après avoir dirigé le pays pendant une décennie en tant que président et de n'avoir pas fait reculer la pauvreté et la corruption.
Le 23 avril, il a annoncé sa démission, en estimant "s'être trompé".
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