"Nous avons besoin que la Russie et l'Iran exercent une pression sur le régime de Damas afin qu'il accepte de s'asseoir à la table des négociations menées sous les auspices de l'ONU", a déclaré la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini à son arrivée pour la seconde journée de la conférence des donateurs organisée à Bruxelles.
"Nous pensons que la seule paix durable pour la Syrie sera liée à un processus politique sous les auspices de l'ONU", a réaffirmé Mme Mogherini.
Le représentant de la Russie, Vladimir Chizov, a quant à lui regretté l'absence de responsable du régime syrien à Bruxelles. "Je pense que c'est un inconvénient de cette conférence. Je pense que c'est une erreur", a-t-il estimé.
Les négociations engagées à Genève n'ont guère progressé en huit cycles, car le régime de Bachar al-Assad n'est pas pressé de traiter avec ses opposants, divisés et affaiblis sur le terrain.
Le soutien militaire de Moscou et de Téhéran lui a permis de reprendre l'offensive et de s'emparer de plusieurs zones rebelles.
Les agissements de Moscou ont été dénoncés par Penny Mordaunt, ministre britannique du Développement. "En exerçant son veto de l'ONU 12 fois sur la Syrie, (la Russie) a donné un feu vert à Assad pour perpétrer des atrocités contre son propre peuple", a-t-elle accusé.
"Nous sommes ici pour répondre aux besoins humanitaires urgents en Syrie et dans l'ensemble de la région, mais nous savons tous ici que la seule solution pour mettre fin aux souffrances est un règlement politique qui apporte la paix", a plaidé Mme Mordaunt.
"Sans une transition politique crédible et durable, il ne saurait être question du financement de la reconstruction en Syrie", a pour sa part affirmé le secrétaire d'Etat français auprès du ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Baptiste Lemoyne.
"Nous devons dire non, empêcher la communauté internationale de devenir complice de ces crimes, ce qu'elle ne manquerait pas de devenir si elle s'engageait sur la voie des incitations économiques ou du financement d'actions de relèvement précoce dans les zones sous contrôle du régime", selon Paris.
Catastrophe humanitaire
L'envoyé spécial de l'ONU Staffan de Mistura a mis en garde mardi contre une nouvelle catastrophe humanitaire imminente dans la province d'Idleb, frontalière de la Turquie, où vivent plus de 2,5 millions de personnes dont une moitié de déplacés.
L'ONU espère réunir huit milliards de dollars (7,3 milliards de dollars) pour venir en aide aux 6,1 millions de personnes déplacées à l'intérieur de la Syrie et à plus de cinq millions de Syriens réfugiés dans les pays voisins, notamment en Turquie.
"Nous sommes désespérément à court de ressources", a déploré mardi le chef de l'agence d'aide de l'ONU, l'UNOCHA, Mark Lowcock. L'ONU n'a réussi à mobiliser que la moitié des fonds dont elle avait besoin en 2017. Or les promesses de dons avaient totalisé 7,5 milliards d'euros pour cette période.
Les organisateurs de la conférence espèrent recueillir au total 9 milliards de dollars (7,3 milliards d'euros). Quelque 3,5 milliards de dollars (2,8 mds euros) sont nécessaires pour l'aide humanitaire en Syrie et 5,6 (4,5 mds d'euros) pour soutenir les réfugiés dans les pays voisins, a précisé M. Lowcock.
L'UE va s'engager à hauteur de 560 millions d'euros, au même niveau que l'an dernier, a indiqué Mme Mogherini.
"L'Allemagne mettra à disposition un milliard d'euros supplémentaires pour 2018 et les années suivantes", a annoncé mercredi le ministre des Affaires étrangères Heiko Maas.
La France va allouer près de 250 millions d'euros de dons et 850 millions d'euros de prêts pour la période 2018-2020, a pour sa part précisé Jean-Baptiste Lemoyne.
"Les promesses de dons seront un indicateur de l'engagement international", soutiennent les responsables européens à Bruxelles. "Mais nous constatons qu'une certaine lassitude s'installe", ont-ils déploré.
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