Trop polluantes, trop bruyantes, trop dangereuses, pas assez tournées vers l'avenir... Si les 24h motonautiques de Rouen (Seine-Maritime) comptent des dizaines de milliers d'aficionados, qui viennent se masser chaque année sur les bords de Seine, la course a aussi ses détracteurs. Mais certains arguments pourraient s'essouffler petit à petit grâce à une avancée technologique portée par une équipe normande pour consommer beaucoup moins d'essence, et donc rejeter moins de CO2 dans l'air.
Cette petite prouesse technique, c'est Mathieu Pareyt qui en a eu l'idée. "Ça faisait trois ans que ça me trottait dans la tête alors que j'étais dans d'autres équipes. Et puis je me suis lancé et j'ai été le premier à adapter le système HHO sur un bateau de course", rembobine le team manager de l'équipe E-boat Racing. Mais ce système HHO, qu'est-ce que c'est ? "C'est un dispositif que l'on vient adapter sur un moteur thermique standard. Ça introduit de l'hydrogène dans la boîte à air du moteur, ce qui permet de brûler les 40% de particules, carbones et huiles habituellement rejetés", synthétise Mathieu Pareyt.
Le système HHO permet d'injecter de l'hydrogène dans le moteur pour réduire sa consommation et ses rejets en CO2. - E-boat Racing
Deux fois moins d'essence consommée
Mais le principal intérêt est de réduire considérablement la consommation en essence du moteur thermique qui propulse le bolide à plus de 100 km/h sur l'eau. En 2017, pour la première apparition de l'équipe E-boat Racing sur la Seine, la consommation moyenne était environ divisée par deux par rapport à un moteur classique "en passant de 20 litres par heure de course à 10 litres", selon les données récoltées par l'équipe. Une statistique qui doit convaincre les écologistes, tout en garantissant les performances pour les pilotes.
Xavier Blondel est l'un d'eux. Lundi 30 avril 2018, il prendra le départ de sa troisième édition des 24h de Rouen. L'année dernière, il était de la première expérience conclue à la dernière place des équipages qui ont vu le drapeau à damier. Pour lui, il n'y a aucune différence avec les autres bolides une fois dans le cockpit : "L'hydrogène ne change rien à la vitesse ou à la tenue du bateau. Au ralenti, ça claque et ça tremble un tout petit moins, mais une personne qui n'est pas habituée ne s'en rendrait pas compte. Et puis nous ne sommes pas souvent au ralenti !"
Xavier Blondel (à gauche) va prendre le départ de ses troisièmes 24h de Rouen, les deuxièmes avec E-boat Racing. - E-boat Racing
Alors pourquoi toutes les autres équipes ne se tournent pas vers cette solution plus écolo ? À cause de la peur de l'inconnu, avance Mathieu Pareyt : "Il y a beaucoup de curiosité chez les autres teams, mais ils veulent certainement nous laisser essuyer les plâtres avant de se lancer si ça marche." Pour cette édition 2018, deux autres équipes vont tenter l'expérience aux côtés des deux bolides E-boat Racing, VSI Racing et le Team Magaur, pour un total de quatre bateaux dans une nouvelle catégorie créée pour l'occasion. Compétition oblige, l'équipe normande compte bien faire respecter son statut de pionnier du moteur à hydrogène. "Quand on rentre dans le bateau, c'est pour être premier, assure Xavier Blondel. Mais l'objectif c'est de prouver notre fiabilité et l'associer à la performance." C'est en alliant les deux que E-boat Racing pourra convaincre d'autres équipes et contribuer à rendre la course motonautique plus propre.
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