"Oui, bien sûr, nous sommes prêts à diriger le pays", a déclaré M. Pachinian, 42 ans, interrogé, lors d'une conférence de presse devant des correspondants étrangers, pour savoir s'il était prêt à prendre la tête du gouvernement de cette ex-république soviétique du Caucase du Sud. "Si le peuple me confie cette responsabilité, je suis prêt à l'assumer".
Plus tôt dans la journée, ce député et opposant a marché pendant près de deux heures avec des milliers de ses partisans de la place de la République, cœur de la contestation anti-Sarkissian dans le centre-ville d'Erevan, jusqu'au mémorial dédié aux victimes du génocide arménien, érigé sur une colline surplombant la capitale de l'Arménie.
Le 24 avril est la journée de commémoration des massacres perpétrés entre 1915 et 1917 sous l'Empire ottoman. Les autorités avaient appelé la veille les 2,9 millions d'Arméniens à l'unité pour cette journée de recueillement.
Quelques heures avant Nikol Pachinian, le président Armen Sarkissian (sans lien de parenté avec Serge Sarkissian), le Premier ministre par intérim Karen Karapetian et les autorités religieuses du pays s'étaient elles aussi recueillies devant le mémorial.
Mercredi matin, M. Pachinian devait s'entretenir avec M. Karapetian, un fidèle du Premier ministre déchu, pour discuter de l'avenir politique du pays.
Mais cette rencontre a été annulée, a déclaré à l'AFP mardi soir Tigran Avinian, le porte-parole du parti "Contrat civil" de Nikol Pachinian, sans plus de précisions.
Les députés du Parlement arménien disposent de sept jours à partir de la démission du Premier ministre pour proposer de nouvelles candidatures à ce poste, et le vote pourrait avoir lieu le 2 mai.
Alors que le Parti républicain de Serge Sarkissian dispose de 65 sièges sur 105 au Parlement, Nikol Pachinian a appelé mardi soir à organiser des élections législatives anticipées "dans les plus brefs délais (...), dans un ou deux mois".
Il a assuré cependant qu'"il n'y aura pas de vendetta politique" à l'égard de Serge Sarkissian.
"je suis pro-arménien"
Lors de cette première conférence de presse depuis la victoire du mouvement de la contestation, M. Pachinian, qui s'exprimait en russe et en anglais, a prôné le maintien des liens étroits avec la Russie, "un pays frère".
"Mais si quelqu'un dit que je suis pro-occidental ou prorusse, ce sera une erreur. Je suis pro-arménien", a-t-il souligné.
A Moscou, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré plus tôt dans la journée aux journalistes qu'il espérait que "l'ordre et la stabilité seront préservés" en Arménie.
Les Arméniens, eux, étaient pour la plupart soulagés mardi que les manifestations se soient terminées sans effusion de sang. "Je n'aimais pas Sarkissian mais je ne peux pas ne pas le remercier pour le fait de n'avoir pas utilisé la force", a expliqué Achot Minassian, un retraité de 72 ans.
Rappelant la tragédie ayant frappé les Arméniens au début du XXe siècle, Karen Karapetian a déclaré dans un communiqué que "nous (les Arméniens, ndlr) traversons aujourd'hui une autre étape très difficile de notre histoire".
"Nous montrons au monde aujourd'hui que, malgré les difficultés et nos problèmes internes non résolus, nous restons ensemble et unis", a-t-il ajouté.
"Position constructive"
Dans un communiqué, le porte-parole de la diplomatie azerbaïdjanaise Khimket Gadjiev a affirmé qu'après le "départ de la dictature militaire de Serge Sarkissian", Bakou espérait "une position constructive" du futur gouvernement sur le conflit au Nagorny-Karabakh, région séparatiste revendiquée par les deux pays.
"C'est tellement enthousiasmant de voir les Arméniens unis dans des manifestations pacifiques pour changer les choses", a pour sa part déclaré sur Twitter la starlette américaine Kim Kardashian, d'origine arménienne, saluant un "jour historique".
L'annonce surprise de la démission de M. Sarkissian est intervenue lundi dans l'après-midi.
"Je quitte le poste de dirigeant du pays", a laconiquement déclaré Serge Sarkissian, élu Premier ministre la semaine dernière par les députés après avoir été président pendant dix ans. "Nikol Pachinian avait raison. Et moi, je me suis trompé".
N'ayant pas le droit de se représenter à un troisième mandat, il avait fait modifier la Constitution pour renforcer les pouvoirs du Premier ministre avant de se faire nommer à ce poste, le nouveau président n'ayant plus que des pouvoirs honorifiques.
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