Quelques heures après le drame, les autorités n'avaient donné aucun motif permettant d'expliquer le geste du chauffeur.
Ralph Goodale, ministre de la Sécurité publique, a évoqué "une horrible attaque" sur son compte Twitter. "A ce stade, aucune conclusion ne peut être tirée. La police mène son enquête", avait-il déclaré auparavant.
"Nous pouvons confirmer que neuf personnes sont mortes et 16 ont été blessées", a déclaré Peter Yuen, chef adjoint de la police de Toronto lors d'une conférence de presse.
"La camionnette qui a renversé plusieurs piétons autour des rues Yonge et Finch de Toronto a été localisée et le chauffeur a été arrêté", avaient annoncé les forces de l'ordre un peu plus tôt.
Dix personnes ont été admises aux urgences de l'hôpital Sunnybrook, "deux ont été prononcées mortes" à leur arrivée, a indiqué le Dr Dan Cass. "Cinq personnes sont dans un état critique", a ajouté ce responsable hospitalier.
C'est vers 13H27 locales (17H27 GMT) qu'une camionnette blanche de location a soudainement emprunté de larges trottoirs de la rue Yonge, artère commerçante fréquentée de la plus grande ville canadienne, où de nombreux piétons flânaient à l'heure du déjeuner sous un soleil radieux.
Le véhicule bélier a ensanglanté la rue Yonge sur deux kilomètres: "Le conducteur faisait des zigzags, sur le trottoir, sur la chaussée, il continuait à rouler", a décrit à l'AFP Rocco Cignielli.
La camionnette s'est finalement immobilisée, l'avant de la carrosserie endommagé. Son conducteur, un homme corpulent apparaît sur des images diffusées sur les réseaux sociaux, debout, au côté de la camionnette, faisant face avec agressivité à un policier armé.
"Il y avait un policier et l'homme avait une arme à la main, les deux pointant leur arme sur l'autre", a raconté Carlos, un témoin, sur la chaîne CTV News.
Le conducteur relâche finalement ce qu'il tient en main puis est maîtrisé et menotté sur le capot de la voiture de police, avant d'être emmené.
'L'enquête sera longue'
"J'ai d'abord pensé à une livraison, mais il allait très vite, sur le trottoir", raconte Nana Agyeman-Badu, un chauffeur de 56 ans. Il voit alors une femme se faire projeter contre un abribus, dont "les vitres éclatent en morceaux et s'effondrent" sur la victime, inconsciente, continue cet homme qui se porte ensuite à son secours.
Mais la camionnette poursuit sa course, "encore, encore et encore".
Elle renverse une bouche à incendie, des distributeurs de journaux. Plus loin, au milieu de la rue, une paire de baskets sont encore à même le sol, à quelques mètres d'un corps recouvert d'une couverture. "Elles appartiennent à la victime", glisse un policier.
Des ambulances et des véhicules de police ont rapidement été déployées et le secteur a été bouclé par les forces de l'ordre.
Cette partie de la capitale économique canadienne "va être fermée pour plusieurs jours (car) l'enquête sera longue avec plusieurs témoins à entendre et beaucoup d'images de caméras de surveillance à regarder", a averti Peter Yuen.
"Nos pensées sont avec tous ceux affectés", a déclaré le Premier ministre Justin Trudeau devant la Chambre des Communes avant de connaître le bilan.
"Pour le moment, nous n'avons pas connaissance de ce qui s'est passé ou de ce qu'il y a derrière. (...) Mes pensées sont avec ceux qui ont été frappés par cet évènement et avec les secouristes", a déclaré le maire de la plus grande ville canadienne, John Tory.
Cet accident intervient alors que Toronto accueille une réunion des ministres de la Sécurité publique du G7, après avoir été l'hôte ce week-end de la rencontre des ministres des Affaires étrangères des sept pays les plus industrialisés (Etats-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie et Canada).
Ces faits rappellent les modes opératoires d'attaques à la voiture bélier dans plusieurs grandes villes, comme à New York, Barcelone, Londres, Nice, Paris, Berlin ou Stockholm, où des éléments radicaux à bord de véhicules ont fauché mortellement des piétons.
La police n'a toutefois pas précisé jusqu'à présent les motivations du conducteur de la camionnette blanche de Toronto.
Comme d'autres pays, le Canada a été la cible d'attaques à caractère jihadiste même si le nombre de victimes y a été moins important.
En octobre dernier, un homme avait agressé à l'arme blanche un policier avant de renverser et de blesser quatre piétons avec une camionnette à Edmonton, dans l'Ouest canadien.
Au Québec, en octobre 2014, un Canadien avait renversé avec son véhicule deux militaires sur un parking, dont un avait été tué. L'homme avait ensuite été abattu par des policiers alors qu'il cherchait à les attaquer avec un couteau.
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