A peine arrivé à Washington et avant de se rendre à la Maison Blanche, M. Macron a visité avec son épouse Brigitte le célèbre monument Lincoln, à l'effigie du seizième président des Etats-Unis, profitant de cette balade pour s'octroyer un petit bain de foule, serrer la main de passants et poser pour des selfies.
"Nous, les Etats-Unis comme la France, avons une responsabilité toute particulière (...), nous sommes les garants du multilatéralisme contemporain. Nous avons beaucoup de décisions à prendre", avait auparavant déclaré le président français dans une brève allocution en anglais, puis en français, en descendant de son avion vêtu d'un costume sombre.
"Cette visite est très importante dans le contexte qui est le nôtre, avec beaucoup d'incertitudes, de troubles et parfois beaucoup de menaces", a ajouté M. Macron, arrivé peu après 13H00 locales (19H00 heure de Paris) accompagné de son épouse en manteau rose.
"Après des mois de préparation, POTUS et moi avons hâte de recevoir la France pour notre premier dîner d'Etat!", a tweeté Melania Trump, en publiant une vidéo qui la montre en train de veiller aux préparatifs du dîner d'Etat mardi soir à la Maison Blanche. Déco beige et or et au menu, tourte au fromage de chèvre, agneau et oignons Soubise, tarte aux nectarines et crème fraîche glacée.
Amitié inattendue
Cette visite de trois jours démarre lundi par un acte d'amitié symbolique: les deux présidents planteront dans les jardins de la Maison Blanche un jeune chêne offert par le Français. L'arbre vient d'une forêt du nord de la France où périrent plus de 2.000 Marines américains pendant la Grande Guerre.
Pour prolonger ce rappel historique de l'entraide franco-américaine, les deux couples dînent lundi soir à Mount Vernon, la demeure de George Washington, premier président américain et grand ami du marquis de Lafayette.
Mais l'amitié inattendue entre les deux présidents que séparent plus de 30 ans et des positions souvent aux antipodes sera mise à l'épreuve les jours suivants, quand démarreront les discussions de fond.
Le président français espère en effet infléchir son hôte, qu'il a en janvier qualifié d'"imprévisible", sur plusieurs sujets de discorde.
En premier lieu il veut le convaincre de maintenir l'accord sur le nucléaire iranien, que Donald Trump envisage de rompre. Il cherchera aussi à le persuader de laisser ses troupes en Syrie et d'exempter l'UE de taxes douanières sur l'acier et l'aluminium.
Pour préparer le terrain, M. Macron a énuméré ses arguments dimanche sur Fox News, chaîne que regarde assidûment son hôte.
Hors de l'accord de 2015, "il n'y a pas de plan B" pour empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique, a-t-il plaidé. Et sur la Syrie, si les Occidentaux se retiraient brutalement, l'Iran occuperait le terrain et le retrait attirerait de nouveaux terroristes, a-t-il plaidé.
Appuis
Le dirigeant français a reçu lundi deux renforts de poids sur la question iranienne. La Chine et la Russie ont annoncé qu'elles bloqueraient toute tentative de "saboter" l'accord nucléaire signé en 2015 avec l'Iran et jugé "inacceptable" toute révision de ce texte fruit d'années d'efforts diplomatiques.
L'accord conclu par les grandes puissances avec Téhéran pour l'empêcher de se doter de l'arme atomique est "l'une des plus grandes réalisations de la diplomatie internationale ces dernières années" et "toute révision de ce document est inacceptable", a martelé le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.
Et juste avant son arrivée aux Etats-Unis, le chef de l'Etat français s'est entretenu lundi matin avec Vladimir Poutine, qu'il rencontrera le 24 mai, pour évoquer notamment la nécessité de préserver l'accord.
Londres aussi a apporté lundi de l'eau à son moulin. Boris Johnson, le chef de la diplomatie britannique, a souligné qu'entre la France et la Grande-Bretagne il n'y avait "pas l'épaisseur d'une feuille de papier à cigarettes" sur le sujet et que l'accord devait être préservé.
De son côté Téhéran a averti samedi que l'Iran reprendrait "vigoureusement" l'enrichissement d'uranium en cas de rupture de l'accord, première étape pour fabriquer l'arme atomique.
Mais dans l'éventualité où Washington se retirerait, les autres signataires occidentaux réfléchissent déjà à la façon de maintenir l'accord dans une "version non-US", a expliqué Boris Johnson. Paris se refuse pour l'instant à évoquer publiquement un tel scénario.
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