Pas de convergence, mais une coïncidence des luttes inédite. Pour la première fois depuis le début des deux conflits, les grèves à Air France et à la SNCF tombent aux mêmes dates deux jours de suite.
Sur les rails, le cinquième épisode de la grève en pointillés commencée début avril s'annonce aussi suivi que le quatrième, avec 35% des TGV en circulation lundi, 30% des Intercités et 40% des TER, RER et Transilien, selon les chiffres dévoilés dimanche par Guillaume Pepy.
"Le trafic sera en amélioration", a assuré le président de la SNCF, alors que ces chiffres sont presque identiques à ceux des précédentes journées de mobilisation.
Mardi et mercredi, en effet, seul un TGV sur trois, un Intercités sur quatre, deux TER et Transilien sur cinq avaient été maintenus.
Le nombre de grévistes n'a pas non plus varié: "il y a quatre cheminots sur cinq au travail" mais "ceux qui conduisent les trains sont en grève à 60%", a indiqué M. Pepy.
"C'est beaucoup moins qu'au début de la grève, où on était à 77%", a-t-il ajouté, affirmant que "la grève s'érode lentement".
Le vote de la réforme ferroviaire mardi à l'Assemblée nationale n'a cependant pas découragé les syndicats, qui ont suspendu jeudi leurs discussions avec la ministre des Transports, Elisabeth Borne, et demandé à négocier directement avec le Premier ministre, Edouard Philippe.
Pour faire pression sur l'exécutif, d'autres épisodes de grève sont programmés jusqu'à fin juin et le mouvement pourrait même être prolongé en juillet et août, selon Le Parisien.
Un scénario inenvisageable pour le patron de la SNCF, convaincu qu'"il n'y aura pas de grève cet été parce que les cheminots sont des gens responsables".
"Passage en force"
Dans les airs aussi, le conflit reste suivi, même si les prévisions de trafic pour la dixième journée de grève en deux mois sont un peu meilleures que pour la précédente.
Air France prévoit en effet d'assurer 75% de ses vols lundi, contre 70% mercredi.
Dans le détail, la compagnie table sur 65% de vols long-courriers maintenus, un taux identique pour les moyen-courriers au départ et vers l'aéroport Paris-Charles de Gaulle et 85% pour les court-courriers à Paris-Orly et en province
Le nombre de grévistes tenus de se déclarer avant le mouvement est en baisse d'environ trois points chez les pilotes (28,1%), ainsi que chez les hôtesses et stewards (19,6%) et de presque un point parmi les personnels au sol (13%).
L'entreprise "regrette la poursuite de ces grèves" et rappelle avoir "fait plusieurs propositions pour sortir du conflit".
Face au rejet des syndicats de son dernier projet d'accord, la direction a annoncé vendredi "le lancement d'une consultation auprès de l'ensemble des salariés" sur la base de sa dernière proposition: 2% d'augmentation immédiate des salaires et 5% supplémentaires étalés sur trois ans. Les syndicats réclament, eux, 5,1% dès cette année.
Le PDG, Jean-Marc Janaillac, a clairement mis sa démission dans la balance: si le résultat "est négatif, je ne vois pas comment je pourrais rester", a-t-il prévenu vendredi.
Une "tentative de passage en force (...) rappelant les pires époques du dialogue social", a réagi Grégoire Aplincourt, président du Spaf, deuxième syndicat de pilotes, dans une déclaration transmise à l'AFP.
Le patron d'Air France "essaie de dramatiser la situation (...) en se mettant en avant et en promettant le chaos", a estimé Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, sur BFM TV. Pour lui, "ce n'est pas la bonne solution".
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