Un kamikaze s'est fait exploser parmi la foule, à l'entrée du centre où les électeurs récupèrent leur pièce d'identité avant de s'inscrire sur les registres électoraux.
"Nous savons maintenant que le gouvernement est incapable de nous protéger", hurlait un homme, Akbar, face au désastre, insultant crument le président Ashraf Ghani, avant d'être coupé par la télévision Tolo News.
"Mort au gouvernement", "Mort aux talibans", criait la foule autour de lui.
Cependant les talibans ont rapidement fait savoir via leur porte-parole, Zabihullah Mujahid, que "nos Moudjahidines n'ont rien à voir avec l'attaque d'aujourd'hui", rejetant implicitement la responsabilité sur le groupe Etat Islamique.
L'attentat - qui n'a pas encore été revendiqué - s'est produit en début de matinée dans un quartier majoritairement chiite de l'ouest de la capitale, Dasht-e-Barchi.
L'EI s'en prend régulièrement à la minorité chiite afghane depuis 2016.
A voir les dégâts importants causés par la déflagration, la charge était de forte puissance et a projeté des débris dans un large rayon. Des flaques de sang et de nombreux corps à terre étaient clairement visibles, ainsi que des véhicules carbonisés et un immeuble de deux étages, partiellement détruit.
"Les gens étaient rassemblés pour récupérer leur tazkira (carte d'identité), l'explosion s'est produite à l'entrée. C'était un kamikaze", a déclaré le chef de la police de Kaboul, Dawood Amin.
Selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur Najib Danish, "neuf morts et 56 blessés, tous civils" ont été décomptés. "Le kamikaze est arrivé à pied et a déclenché sa charge au milieu de la foule".
Ce bilan a été confirmé par le porte-parole de la police de Kaboul, Hashmat Stanikzai.
A l'hôpital, un blessé pleure et sanglote: "O Dieu, châtie l'assaillant, qu'il soit maudit. Où sont mes filles, j'ai perdu mes filles!".
Il s'agit du premier attentat à Kaboul contre un centre préparant les listes électorales en vue des législatives du 20 octobre, depuis le début des inscriptions le 14 avril.
Mais deux autres centres d'inscriptions ont été pris pour cible en province au cours de la semaine écoulée.
enthousiasme mesuré
Vendredi, une roquette en a frappé un dans la province de Badghis (nord), faisant un mort et un blessé parmi les policiers qui le gardaient, selon le vice-gouverneur provincial, Faiz Mohammad Moizada joint par l'AFP qui a accusé les talibans.
Mardi, trois employés de la commission électorale (IEC) et deux policiers avaient été enlevés dans la province de Ghor (centre) et libérés 48 heures plus tard après intervention des anciens.
Là encore les responsables locaux avaient accusé les talibans.
Violence et attentats sont les principaux obstacles au bon déroulement des élections, admet la Commission électorale indépendante (IEC) qui a ouvert les centres d'inscriptions dans les écoles et les mosquées principalement. Tous gardés par des policiers qui fouillent les électeurs à l'entrée.
"Bien sûr, l'insécurité est notre premier défi et notre inquiétude majeure, surtout dans les campagnes", a avoué à l'AFP le président de l'IEC, le Dr Abdul Baie Sayad, lui-même menacé.
Ces législatives sont les premières depuis 2010 et ce scrutin, le premier depuis la présidentielle de 2014.
Beaucoup d'Afghans souhaitent se débarrasser d'un Parlement (249 députés) jugé paresseux et corrompu, dont le mandat a expiré depuis trois ans. Mais ils redoutent plus encore un scrutin pour rien, confisqué par la fraude et qui les exposera à un regain de violence.
Face à l'enthousiasme mesuré de ses compatriotes, le président Ghani a ordonné jeudi aux gouverneurs des 34 provinces d'accélérer le processus d'enregistrement.
Il a aussi ordonné aux fonctionnaires de s'inscrire avec leurs familles, et aux mollahs de sensibiliser la population.
Le dernier attentat contre la capitale afghane, le mois dernier Premier jour du nouvel an perse, avait fait plus d'une trentaine de morts et au moins 70 blessés.
L'EI avait revendiqué l'opération commise par un kamikaze à pied.
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