Il y a eu un "certain progrès vers le dialogue", a estimé Christine Lagarde, la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) lors de la conférence de presse finale, soulignant avec insistance qu'il fallait éviter à tout prix une guerre commerciale.
Au même moment, le secrétaire américain au Trésor a annoncé qu'il envisageait de se rendre en Chine afin de poursuivre des discussions sur le conflit commercial opposant Washington et Pékin après une intensification des tensions depuis début mars.
"Je l'envisage. Je n'en dirai pas plus sur le timing", a déclaré Steven Mnuchin tout en se disant "prudemment optimiste".
Bien que laconique, cette déclaration tranche avec la posture adoptée la veille.
Face à la pression du FMI et de nombreux pays martelant que le protectionnisme n'était pas la bonne méthode pour s'attaquer aux déséquilibres commerciaux, le ministre des Finances de Donald Trump ne s'était en effet pas écarté d'un millimètre du leitmotiv du président "America First" (L'Amérique d'abord).
Il avait alors dit croire "fermement que les pratiques commerciales déloyales dans le monde entravent la croissance de l'économie mondiale et celle des Etats-Unis" et avait pressé le FMI de "parler plus haut et plus fort de la question des déséquilibres extérieurs".
"De multiples risques et des incertitudes considérables revêtent la forme de sentiments anti-mondialisation, d'unilatéralisme, de protectionnisme dans le commerce (...)", a commenté de son côté Guangyao Zhu, vice-ministre chinois des Finances.
Le gouverneur de la Banque centrale chinoise Yi Gang a également estimé que "l'escalade des frictions commerciales causées par des mesures unilatérales" était l'une des menaces de l'économie mondiale.
"Aller de l'avant"
Ironiquement, Pékin a annoncé jeudi, pendant les réunions du FMI dans la capitale fédérale américaine, de nouvelles mesures antidumping visant des importations de caoutchouc synthétique provenant des Etats-Unis, de l'Union européenne et de Singapour.
"Les deux pays (Etats-Unis et Chine) n'ont pas engagé de négociations bilatérales" sur le dossier propriété intellectuelle, "pas plus que sur la liste américaine de produits chinois susceptibles d'être taxés", avait aussi assuré Gao Feng, porte-parole du ministère chinois du Commerce. "Nous espérons que les Etats-Unis ne sous-estimeront pas notre détermination" à contre-attaquer, avait-il même insisté.
"La Chine va énergiquement aller de l'avant en matière de réformes et d'ouverture du secteur financier, d'assouplissements des restrictions d'accès au marché, (...), de renforcement de la protection de la propriété intellectuelle et d'augmentation active de ses importations", a toutefois affirmé devant le FMI samedi Yi Gang, reprenant des promesses récentes du président chinois.
Au nom de la défense de la sécurité nationale, Donald Trump a imposé le 8 mars, de manière unilatérale, des droits de douane sur les importations d'acier et d'aluminium. S'il en a toutefois exempté provisoirement le Canada, le Mexique ainsi que l'Union européenne, il n'a pas épargné la Chine.
L'administration Trump a même multiplié les mesures de rétorsion commerciale contre Pékin qu'il accuse de "transfert forcé de technologies" et de "vol de propriété intellectuelle". Outre l'acier et l'aluminium, elle a dressé une liste provisoire de produits chinois susceptibles d'être soumis à leur tour à de nouvelles taxes pour compenser ces pratiques jugées inéquitables.
Le géant asiatique a répliqué avec des représailles dans des proportions identiques, ce qui fait redouter une guerre commerciale.
Le commerce est un moteur essentiel de la croissance mondiale, a répété de son côté samedi Lesetja Kganyago, président du Comité monétaire et financier international du FMI (CMFI).
Après avoir progressé de 3,8% en 2017, le produit intérieur brut (PIB) mondial devrait accélérer à 3,9% en 2018 et en 2019, selon les dernières projections du FMI. Près de dix ans après le début de la récession mondiale, l'économie de la planète évolue dans une bonne dynamique grâce, en particulier, aux échanges de biens et de services dont le volume devrait s'accroître de 5,1% cette année après 4,9% en 2017.
"Les tensions commerciales ne peuvent bénéficier à personne. Dans une guerre commerciale, il ne peut y avoir des gagnants, il ne peut y avoir que des perdants", a réagi M. Kganyago.
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