Le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin, dont le pays est le principal actionnaire de la Banque mondiale et dont le feu vert est nécessaire pour toute décision, a apporté samedi le soutien de son pays à l'augmentation de capital devant le Comité de développement de la Banque mondiale au dernier jour des réunions de printemps de l'institution et du Fonds monétaire international (FMI) à Washington.
Visiblement satisfait des concessions obtenues qui n'ont pas encore été dévoilées, il a salué cette augmentation, qui pourrait s'élever à 13 milliards de dollars selon la presse, assurant qu'elle "permettra d'orienter les prêts vers les clients les plus pauvres".
En octobre, lors de la réunion annuelle de la banque à Washington, le ministre des Finances américain avait pourtant écarté fermement cette augmentation, exigeant "un changement important dans l'attribution des financements afin de soutenir des pays qui ont le plus besoin de financer leur développement".
Steven Mnuchin s'était alors plaint que la banque ait encore des programmes avec la Chine, la deuxième économie mondiale, estimant qu'elle ne devait plus bénéficier du soutien financier de la Banque mondiale.
L'administration Trump s'était longuement opposée à cette augmentation. "Davantage de capital n'est pas la solution quand le capital existant n'est pas alloué de manière efficace", avait argué M. Mnuchin en octobre.
- Le multilatéralisme "fonctionne" encore
Le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, dont l'institution finance le développement, plaide depuis plus d'une année pour une augmentation de ses ressources, alors qu'elle est concurrencée par de nouveaux acteurs du développement.
Pour sa part, le vice-ministre des Finances chinois Guangyao Zhu s'est également félicité de cette augmentation. "Des fondements solides sont une garantie importante pour que la Banque mondiale (...) atteigne ses propres objectifs de développement", a-t-il expliqué devant le Comité de développement, qui doit approuver formellement l'augmentation dans l'après-midi.
"Cette augmentation de capital est une mesure fondamentale pour que la Banque mondiale devienne plus grande, mais aussi une décision concrète de soutien au multilatéralisme", a-t-il réagi, dans une allusion à peine voilée aux tensions commerciales actuelles entre Washington et Pékin.
Le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, a également salué cette décision: "Cela prouve que, au moins sur certains aspects, l'approche multilatérale fonctionne", a-t-il affirmé, en référence à l'unilatéralisme américain sur les sujets commerciaux.
Avec cette augmentation de capital, la France demande à la Banque mondiale "une plus grande implication dans les projets de lutte contre les changements climatiques" et un soutien aux pays les plus pauvres, notamment dans la région du Sahel.
Pendant l'année fiscale 2016-2017, qui s'est terminée en juin, les prêts de la Banque mondiale ont atteint 58,8 milliards de dollars. L'année précédente, ils s'étaient élevés à 61,3 milliards.
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