Dans un discours prononcé à l'occasion des réunions du Fonds monétaire international à Washington, le ministre des Finances de Donald Trump a indiqué croire "fermement que les pratiques commerciales déloyales dans le monde entravent la croissance de l'économie mondiale et des Etats-Unis".
Et au moment où le différend commercial entre Washington et la Chine suscite de vives inquiétudes à travers le monde, Steven Mnuchin a pressé le FMI de "parler plus haut et plus fort de la question des déséquilibres extérieurs".
Près de dix ans après le début de la récession mondiale, l'économie de la planète évolue dans une bonne dynamique grâce, en particulier, aux échanges de biens et de services, a souligné cette semaine le FMI, à l'occasion de la publication de ses dernières prévisions. Mais ce sont ces mêmes échanges commerciaux qui pourraient faire "dérailler" plus vite que prévu l'économie de la planète, a-t-il mis en garde.
"Le risque le plus grand est l'escalade des tensions commerciales", a également affirmé le ministre brésilien des Finances, Eduardo Refinetti, estimant que le repli sur soi n'était "pas la bonne façon" de s'attaquer aux déséquilibres commerciaux, critique à peine voilée des Etats-Unis.
Au nom de la défense de la sécurité nationale, Donald Trump a en effet imposé le 8 mars, de manière unilatérale, des droits de douane sur les importations d'acier et d'aluminium. Puis son administration a spécifiquement ciblé la Chine, qu'il accuse de "transfert forcé de technologies américaines" et de "vol de propriété intellectuelle", en dressant une liste provisoire de produits chinois susceptibles d'être soumis à leur tour à de nouvelles taxes pour compenser ces pratiques commerciales jugées "déloyales".
Le géant asiatique a répliqué avec des représailles dans des proportions identiques, faisant redouter une véritable guerre commerciale.
"Pillage des technologies"
Steven Mnuchin s'en est aussi pris aux pays disposant de surplus comme l'Allemagne. Mais sur ce point, le FMI a semblé lui donner raison en s'inquiétant vendredi des excédents commerciaux allemands qui ne diminuent pas.
La France s'est dit de son côté disposée à reconnaître que la Chine devait améliorer ses pratiques en matière de commerce.
"Le diagnostic (des Américains), nous le partageons", a déclaré le ministre français de l'économie Bruno Le Maire. "Nous avons des difficultés sur les surcapacités de l'acier, nous avons un sujet sur la protection de nos technologies, nous ne voulons pas de pillage des technologies françaises", a-t-il ainsi cité en exemples.
Pour autant, il s'est refusé à "entrer dans un combat contre la Chine", qui serait "vain et inutile", soulignant qu'il voulait plutôt engager Pékin dans un dialogue constructif.
La France fait tout pour éviter la guerre commerciale prônant une vision fondée sur des règles de réciprocité, "les seules viables", a-t-il dit. Et dans ce dossier, les pays européens font front commun et avancent "de manière unie", s'est-il félicité, confirmant des propos de son homologue allemand Olaf Scholz.
"Nous avons l'impression que les Etats-Unis jouent avec le feu. Ce n'est pas la bonne méthode que de mettre sous pression tout le monde, en particulier ses alliés", a déclaré à l'AFP une source européenne.
"Une rupture dans les relations commerciales entre les principales économies pourrait faire dérailler la reprise de ces dernières années, menaçant la croissance économique et mettant en danger de nombreux emplois", avait plus tôt prévenu de son côté Roberto Azevedo, le directeur général de l'OMC.
L'OMC a souvent été pointée du doigt ces derniers mois pour ne pas être parvenue à régler de manière multilatérale les différends commerciaux entre les Etats-Unis et notamment la Chine, souvent critiquée pour son non-respect des règles du commerce international.
Vendredi, c'est le président du G20 Finances qui a reconnu les "limites" du groupe.
"Ce groupe a été très important pour faire face à la crise financière de 2008 et il doit continuer à travailler ensemble", a-t-il ajouté. Toutefois le commerce ne fait pas vraiment partie des compétences des ministres des Finances. Ils ne traitent ce dossier que lorsque la croissance mondiale est menacée.
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