Arborant des drapeaux arméniens ou des pancartes "Sarkissian est un dictateur", des centaines de manifestants ont à nouveau défilé dans les rues d'Erevan, tentant de bloquer la circulation en s'allongeant sur la chaussée.
Un porte-parole de la police arménienne a indiqué à l'AFP que plus de 180 personnes ont été arrêtés à Erevan alors que la deuxième ville du pays, Gioumri, a également été le théâtre de manifestations.
Au-delà des manœuvres de Serge Sarkissian pour rester au pouvoir après plus d'une décennie au poste de président, les manifestants reprochent à cet ancien militaire de 63 ans de n'avoir pas su faire reculer la pauvreté et la corruption, tandis que les oligarques ont toujours la haute main sur l'économie du pays.
Le taux de pauvreté de l'Arménie était de 29,8% en 2016 contre 27,6% en 2008 selon les données de la Banque mondiale, tandis que le Revenu national brut (RNB) par habitant stagnait à 3.770 dollars, le même chiffre qu'il y a dix ans.
Le mouvement de protestation est dirigé par le député et leader de l'opposition Nikol Pachinian qui a proclamé le "début d'une révolution de velours" en Arménie et prône une campagne nationale de "désobéissance civile", pour que les administrations n'obéissent plus au pouvoir central.
"Le mécanisme que nous utilisons est celui de la désobéissance pacifique", a déclaré M. Pachinian à l'AFP.
"La révolution de velours, ce n'est pas une demande adressée aux autorités mais une action du peuple, qui veut que toutes les instances de l'Etat cessent d'obéir à Serge Sarkissian et passent du côté du peuple, y compris la police", a-t-il ajouté.
Ses appels à la désobéissance civile ne semblent cependant pas avoir rencontré d'écho favorable dans les administrations jusqu'à présent.
"Arrestations arbitraires"
Les manifestations, qui se sont déroulées à Erevan et dans les deux autres principales villes du pays, Gioumri et Vanadzor, n'ont pas empêché les députés de voter, mardi, la nomination de Serge Sarkissian comme Premier ministre.
"Nous respectons le droit des citoyens à se rassembler, mais nous excluons la possibilité d'une démission du Premier ministre", a indiqué aux journalistes le porte-parole du Parti républicain au pouvoir, Edouard Charmazanov.
Dans un communiqué, l'ONG Human Rights Watch a estimé que les "manifestations ne doivent pas être un prétexte aux arrestations arbitraires" de manifestants en Arménie.
D'importants effectifs policiers ont été déployés et les interpellations se sont multipliées ces derniers jours.
Les protestataires accusent Serge Sarkissian, qui vient d'achever son deuxième mandat présidentiel, de s'accrocher au pouvoir après s'être fait élire Premier ministre par les députés.
Alors que la Constitution interdit au président d'effectuer plus de deux mandats, M. Sarkissian avait fait voter en 2015 une réforme controversée donnant l'essentiel des pouvoirs au Premier ministre. L'opposition avait alors condamné cette réforme, craignant que Serge Sarkissian ne la mette à profit pour rester à la tête du pays.
Le nouveau président, Armen Sarkissian --sans lien de parenté avec son prédécesseur-- a pour sa part prêté serment la semaine dernière, après avoir été élu par le Parlement début mars, mais il ne dispose que de pouvoirs protocolaires.
Jusqu'à présent, la manifestation la plus importante a eu lieu mardi dernier, avec quelque 40.000 personnes à Erevan. Il s'agissait du plus grand rassemblement de l'opposition de ces dernières années dans ce petit pays du Caucase.
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