A son arrivée, les tabloïds prédisaient au Français quelques semaines d'enfer seulement, une saison tout au plus, avant de rentrer chez lui. Mais l'inconnu d'alors, fraîchement débarqué de Nagoya après tout de même un titre de champion de France avec Monaco en 1988, a su gagner les coeurs, au moins jusqu'à ces dernières années.
Le chic et austère Wenger a apporté son style à Arsenal, son sens quasi scientifique du détail, et sa façon de mettre son nez partout, du recrutement jusqu'à la modernisation des infrastructures en passant par la santé des joueurs.
Il a introduit le concept de nutrition dans un football anglais des années 1990 qui se nourrissait au "fish and chips" et s'hydratait à la bière. Il a aussi mis fin au dilettantisme aux entraînements: avec Wenger, chaque session est pensée, planifiée et chronométrée. On ne rigole plus.
En recrutant des joueurs étrangers (notamment des "Frenchies"), il ouvre les yeux à toute la Premier League: les talents européens peuvent s'adapter au physique jeu anglais et même s'y épanouir.
Bref, Wenger modernise la Premier League toute entière.
Age d'or
Les résultats suivent, ouvrant une décennie fantastique pour Arsenal. Le fils d'Alphonse et Louise, restaurateurs à Duttlenheim (Bas-Rhin), mènent alors ses "Gunners" à trois titres en 1998, 2002 et à la saison invaincue des "Invincibles" de 2004. L'armoire à trophées se remplit encore avec quatre Cups jusqu'en 2006, année où il a perdu la finale de la Ligue des champions contre Barcelone.
"C'est un faiseur de miracle qui a révolutionné le club", assure l'ex-vice président David Dein.
Mais ce conte de fée dérape après 2006, tout doucement d'abord, avant de sortir complètement de la route ces dernières saisons. Le club est rattrapé par la réalité économique, puis, semble-t-il par les recrutements contestés de Wenger.
A la différence de ses rivaux, Wenger diplômé d'économie-gestion, n'a jamais cédé à la course à l'armement et a toujours préféré construire un club sain financièrement, privilégiant la qualité de jeu et le recrutement malin.
Obligé de vendre régulièrement ses pépites (Van Persie, Fabregas, Nasri, etc.) pour équilibrer les comptes et financer la construction de l'Emirates Stadium, Arsenal s'est laissé peu à peu distancer, en assurant toujours toutefois sa place dans la très lucrative Ligue des champions.
Mais les impatients supporters attendent un titre de champion. Alors le public demande régulièrement son départ et a protesté ces dernières semaines en ne se rendant même plus au stade.
Le double naufrage la saison passée contre le Bayern Munich en C1 (5-1; 5-1) a fait basculer les sceptiques. L'humiliation bavaroise étant celle de trop pour une équipe incapable de passer le cap des huitièmes de finale depuis 2010.
"Souffrances après souffrances après souffrances: c'est l'histoire récente de Wenger, seulement soulagée par un roman domestique à peine plus réjouissant", avait écrit le Mirror.
"Bien plus qu'une défaite, l'impression est celle d'une *fin de siècle*", avait lancé le Times, alors que toute la presse pointent depuis plusieurs saisons maintenant le manque de caractère des joueurs, toujours fins techniquement, mais pas toujours des guerriers dans les moments durs (à l'image des Xhaka, Özil, etc.).
D'une certaine manière, Wenger, qui n'a jamais perdu sa dignité, n'y a pas survécu.
Electrochoc
Après cette saison en enfer, sans qualification pour la C1 après pourtant 19 participations consécutives, il a toutefois été prolongé jusqu'en 2019.
Sans plus de succès cette saison: Arsenal végète à la 6e place, à 14 points des places qualificatives pour la compétition reine et croupit à 33 longueurs du champion Manchester City.
Sa seule option pour atteindre la C1 reste un sacre en Europa League, où l'Atletico Madrid se dresse sur sa route en demi-finale.
En mars, l'Arsenal Supporters Trust, la plus grande association de supporters, avait rendu public un sondage auprès de plus de 1000 membres: 88% exigeaient un départ de l'Alsacien à la fin de la saison.
Ils l'ont obtenu. Mais, le toujours digne technicien l'a fait à sa façon, choisissant la manière et le meilleur moment. Et on ne peut s'empêcher de penser qu'il espère un électrochoc à quelques jours d'affronter l'ogre madrilène, histoire d'aller en finale et quitter "son" Arsenal par la grande porte.
La saison passée, Wenger, sur le gril, n'avait pas participé au tour d'honneur de son équipe lors du dernier match de la saison, histoire de ne pas gâcher le moment. Nul doute que cette fois, ce sera lui qui sera applaudi.
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