L'arrêté d'expulsion d'El Hadi Doudi, placé en centre de rétention administrative mardi, a été exécuté vendredi, au lendemain du rejet d'un recours qu'il avait déposé devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).
L'imam âgé de 63 ans, était de longue date dans le viseur de la police marseillaise, qui le considérait comme une "référence" du salafisme en France, notamment sur internet, et s'inquiétait de son influence radicale.
Sa mosquée, As-Sounna, l'une des cinq plus vastes de Marseille, avait été fermée fin 2017 par la préfecture de police. La fermeture de ce lieu de culte, situé au coeur de la cité phocéenne, avait été entérinée par le Conseil d'État le 31 janvier.
En cause, des discours tenus par l'imam qui "appellent à la défaite et à la destruction des mécréants", "incitent à l'application de la loi du talion à l'encontre de ceux qui combattent Dieu et son prophète et à l'égard desquels la sentence de Dieu est la mort ou la crucifixion", expliquait alors la préfecture.
Elle évoquait aussi des propos qui "présentent les Juifs comme des +impurs+, +les frères des singes et des porcs+ et incitent à prononcer la formule +Allah akbar+ dans les lieux publics pour +effrayer les mécréants+". Plusieurs fidèles de la mosquée auraient rejoint l'Irak et la Syrie.
Ces arguments reposaient notamment sur une note blanche des services de renseignements analysant 25 prêches prononcés entre janvier 2013 et septembre 2017, et reprise ensuite par le ministère de l'Intérieur pour engager, en février, une procédure d'expulsion.
Des propos contestés
M. Doudi, arrivé en France en 1981 et père de sept enfants dont les trois derniers sont mineurs, avait ensuite comparu devant une commission composée de magistrats administratifs et judiciaires marseillais, qui avait donné un avis positif à une expulsion, le 8 mars.
"L'analyse de l'idéologie propagée par M. Doudi (...) démontre que l'autre est nié dans sa singularité et son humanité", avait-elle relevé dans son avis. Cet autre "est identifié uniquement par rapport à son sexe et à son appartenance ou non à une race, une religion, une catégorie de personnes, ce qui est attentatoire aux principes fondamentaux de la République", poursuivait la commission.
De son côté, l'imam se défendait de tout appel à la haine. Lors de la fermeture de sa mosquée, ses fidèles juraient venir y chercher un islam salafiste "quiétiste", une lecture littérale des textes fondateurs de l'islam mais opposée à la violence djihadiste.
Devant la commission d'expulsion, son avocat Me Nabil Boudi avait contesté les pièces produites par l'administration, et notamment la note blanche des services de renseignements, estimant qu'il s'agissait de propos tronqués ou mal traduits.
L'avocat avait tenté un ultime recours mardi, devant la CEDH, invoquant le risque que son client subisse des tortures ou "traitements inhumains ou dégradants" s'il était expulsé vers l'Algérie. Mais les juges européens ont finalement autorisé jeudi son expulsion, "à la lumière des informations fournies par les parties".
L'expulsion d'El Hadi Doudi intervient moins d'un mois après celle, le 28 mars, de l'imam suppléant de la mosquée de Torcy (Seine-et-Marne), Mohammed Tlaghi. Il avait été reconduit vers le Maroc en raison de ses prêches radicaux, en vertu d'un arrêté d'expulsion pris le 2 mars.
Vingt étrangers radicalisés en situation régulière ont été expulsés du territoire français en 2017, avait précisé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb dans un entretien à Ouest-France le 31 mars, chiffre "jamais atteint auparavant", selon lui.
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