L'imam El Hadi Doudi s'était vu notifier mardi un arrêté d'expulsion, pris par le ministère de l'Intérieur en raison de la teneur de ses prêches. Mais l'application de cette expulsion avait été suspendue par la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH), qui a finalement dans un second temps donné son feu vert jeudi.
La CEDH avait été saisie par Me Nabil Boudi, l'avocat de l'imam, qui avait invoqué le risque que son client subisse des tortures ou "traitements inhumains ou dégradants" s'il était renvoyé par les autorités françaises vers l'Algérie.
La Cour avait alors accordé au gouvernement français un délai de 72 heures "afin de rassembler les informations complémentaires nécessaires à une prise de décision éclairée".
El Hadi Doudi se trouvait depuis dans un centre de rétention administratif.
Âgé de 63 ans, l'imam de la mosquée As-Sounna, en plein cœur de Marseille, dans le 3e arrondissement, s'est vu reprocher des prêches très radicaux.
Dans sa demande d'expulsion, le ministère de l'Intérieur mentionnait notamment des "actes de provocation explicite et délibérée à la discrimination, à la haine ou à la violence contre une personne déterminée ou un groupe de personnes", en l'occurrence les femmes, les juifs, les chiites, les personnes commettant l'adultère.
"L'analyse de l'idéologie propagée par M. Doudi (...) démontre que l'autre est nié dans sa singularité et son humanité", avait de son côté relevé le 8 mars la commission composée de magistrats administratifs et judiciaires marseillais dans son avis répondant positivement à cette demande d'expulsion.
Cet autre "est identifié uniquement par rapport à son sexe et à son appartenance ou non à une race, une religion, une catégorie de personnes, ce qui est attentatoire aux principes fondamentaux de la République", poursuivait la commission.
Le 11 décembre, la préfecture de police des Bouches-du-Rhône avait pris un arrêté de fermeture pour six mois de la mosquée As-Sounna. Cette fermeture temporaire avait été entérinée par le Conseil d'État le 31 janvier.
Le 28 mars en région parisienne, l'imam suppléant de la mosquée de Torcy (Seine-et-Marne), Mohammed Tlaghi, avait été reconduit vers le Maroc en raison de ses prêches radicaux, en vertu d'un arrêté d'expulsion pris le 2 mars.
Vingt étrangers radicalisés en situation régulière ont été expulsés du territoire français en 2017, avait précisé le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb dans un entretien à Ouest-France le 31 mars, chiffre "jamais atteint auparavant", selon lui.
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