"Sur le plan économique et monétaire, nous devons mieux réarticuler responsabilité et solidarité" entre Etats, a déclaré à la presse le chef de l'Etat français aux côtés de la chancelière allemande.
En clair: ne pas seulement donner la priorité aux mesures punitives, comme le contrôle des déficits et de la dette, mais aussi à des mécanismes d'entraide et de soutien à la croissance.
"Aucune union monétaire ne subsiste s'il n'y a pas des éléments de convergence et donc ce sur quoi nous voulons travailler, ce sont des éléments plus incitatifs (...) qui permettent une bonne solidarité", a-t-il ajouté.
Discours au Parlement européen et dialogue avec des citoyens français mardi, venue à Berlin jeudi: Emmanuel Macron s'est efforcé cette semaine de revitaliser son grand dessein aujourd'hui menacé.
Elu il y a près d'un an sur un credo très pro-européen, Emmanuel Macron voit aujourd'hui son projet de refondation de l'Europe suite à la montée des populismes contrarié par des blocages allemands, notamment sur la zone euro où Berlin redoute de devoir payer pour les autres pays.
Concrètement, la France appelle de ses voeux la création d'un budget autonome pour soutenir les investissements et la croissance ou la création d'un poste de ministre des Finances de l'Union monétaire.
Merkel sort de son silence
Après être restée largement silencieuse pendant des mois en raison d'une crise politique dans son pays, Angela Merkel se fait désormais entendre sur le sujet depuis qu'elle est parvenue difficilement à constituer un gouvernement en mars.
Et elle le fait pour marquer sa différence, à un moment où elle est sous pression croissante de son parti conservateur qui lui demande de ne rien lâcher.
La chancelière a ainsi insisté jeudi à Berlin sur la nécessité pour les gouvernements de faire des "efforts nationaux", des économies budgétaires et des réformes pour rendre leurs économies plus compétitives.
"Nous sommes d'accord qu'il y a besoin de solidarité en Europe mais aussi que la compétitivité est nécessaire", a-t-elle dit.
Alors que M. Macron a qualifié la refonte de la zone euro comme "le coeur" de son projet, Mme Merkel n'a mentionné le sujet qu'en dernier dans sa liste de réformes nécessaires en Europe, après une politique migratoire ou une politique étrangère communes.
"Je pense que nous apportons d'autres éléments" que ceux de la France dans la discussion, a-t-elle dit, "mais je pense que la somme de nos propositions pourra permettre au final d'arriver à un bon résultat".
Berlin et Paris ont en effet pour objectif de présenter une feuille de route commune pour des réformes de l'Europe post-Brexit en juin en vue d'un sommet européen sur le sujet. Un conseil ministériel franco-allemand préparatoire est programmé le 19 juin.
Un des chantiers les plus immédiats porte sur l'Union bancaire en Europe, un projet de gestion commune des faillites des banques suite à la crise de la dette en zone euro, dont M. Macron a rappelé que la France souhaitait son accomplissement dès que possible.
Mais Angela Merkel a réitéré le refus de son pays de mettre en oeuvre dans l'immédiat le troisième et très important pilier de ce projet: la création d'un fonds européen de garantie bancaire des dépôts des particuliers.
L'Allemagne reste ouverte à cette idée mais "pas dans un avenir proche", seulement "dans un avenir plus éloigné", a souligné la chancelière.
"Il ne faut pas que l'épargnant allemand se retrouve garant des banques grecques et italiennes", a averti en clair cette semaine un des experts du dossier au sein de son parti conservateur, Eckhardt Rehberg.
Berlin demande que les banques de tous les pays de la zone euro, principalement en Italie ou en Grèce, soient assainies au niveau national avant d'envisager une garantie européenne commune.
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