Le 19 avril 1943, quelques centaines de combattants juifs attaquèrent les nazis, préférant mourir l'arme à la main plutôt que prendre le chemin des chambres à gaz du camp d'extermination de Treblinka (est de la Pologne), où l'occupant allemand avait envoyé plus de 300.000 Juifs de Varsovie enfermés dans le ghetto dans des conditions inhumaines.
Tant les Polonais que les Juifs "tiennent énormément à n'avoir qu'une seule vérité historique", a déclaré le chef de l'Etat lors de la cérémonie officielle devant le monument aux Héros du Ghetto, en présence de l'ambassadrice d'Israël Anna Azari et du président du Congrès mondial juif Ronald S.Lauder.
"C'est pourquoi je suis convaincu que si quelqu'un parle de responsabilité ou de coresponsabilité de l'Etat polonais pour l'Holocauste, cela blesse non seulement les Polonais, mais aussi les Juifs citoyens polonais, et la mémoire de ceux qui sont tombés sous les drapeaux polonais et juif", a dit M. Duda.
Les cérémonies du 75-ème anniversaire de l'insurrection du ghetto se déroulent cette année sur fond de tensions entre la Pologne et Israël à propos d'une loi polonaise perçue à Jérusalem comme pouvant conduire à nier la participation de certains Polonais à des crimes contre les Juifs commis sous l'occupation allemande.
M. Lauder, qui a évoqué "un lien spécial que personne ne peut détruire" entre les catholiques et les juifs polonais ayant combattu les nazis allemands, a cependant rappelé que "dans toute l'Europe et ici, en Pologne, il y a eu des personnes d'origine non-juive qui ont risqué leur vie pour sauver des familles juives, et il y a eu aussi, dans toute l'Europe et ici en Pologne, celles qui ont escroqué des familles juives, les ont trahies et se sont emparées de leurs biens".
L'ambassadrice d'Israël n'a pas évoqué ce sujet délicat, s'attachant à souligner que l'anniversaire du soulèvement coïncidait avec celui de la création - cinq ans plus tard - de l'Etat hébreu, et que les deux événements étaient intimement liés par le courage des protagonistes.
A midi précise, les sirènes d'alarme ont hurlé à Varsovie et on a vu les passants dans les rues arborer des milliers de jonquilles en papier.
Parallèlement, quelques centaines de personnes ont participé à une manifestation au son de chansons en yiddish, pour montrer qu'elles s'opposent à "la récupération des cérémonies anniversaires par les politiciens". insurgé&s
On y a lu une déclaration d'il y a quarante ans de l'un des chefs de l'insurrection, Marek Edelman. Il y expliquait pourquoi il refusait de participer aux commémorations officielles, qui, selon lui, faussaient l'histoire.
Une Varsovienne de 82 ans, Stanislawa Scibor, qui se souvient encore de s'être cachée dans une cave avec des enfants juifs, a expliqué son adhésion à cet appel par le caractère protocolaire de l'hommage institutionnel.
"Je ne veux pas participer aux événements officiels. Qui a jamais vu mettre des barrières autour ? Avant, il n'y avait pas de barrières, chacun pouvait y aller", a-t-elle dit à l'AFP.
Dans l'après-midi, sur une place du quartier, la fondation Shalom devait inaugurer "l'arbre des larmes", un saule pleureur dont les feuilles sont censées symboliser les larmes des mères juives qui avaient dû se séparer de leurs enfants pour les sauver à l'heure de la Shoah.
Mais le symbole le plus visible pour les habitants de Varsovie sera les jonquilles épinglées sur leurs vêtements, une tradition récente, mais qui se renforce d'année en année.
C'est Marek Edelman, décédé en 2009, qui a créé cette tradition, allant chaque année déposer un bouquet de jonquilles au monument aux Héros du ghetto.
Par la couleur et la forme, les jonquilles font également penser à l'étoile jaune obligatoire imposée aux Juifs par les Allemands pendant la guerre.
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