"La loi sur le mariage pour tous est aussi importante que celle sur l'IVG ou l'abolition de la peine de mort", se félicite Joël Deumier, président de SOS Homophobie.
Mais son adoption s'est faite dans la douleur : pendant plusieurs mois, plus d'un million de personnes au total ont déferlé dans les rues, menées entre autres par la Manif pour Tous, le Printemps français ou Civitas ; à l'Assemblée nationale les débats furent houleux.
"On ne s'attendait pas à avoir une opposition aussi importante", reconnaît auprès de l'AFP l'ancien député PS et rapporteur du texte, Erwann Binet.
"J'ai très mal vécu ces débats", confie à l'AFP Emmanuelle, 36 ans, qui s'est mariée avec sa compagne en 2015. "Le plus compliqué c'était d'entendre des enfants dire qu'on n'était pas normaux. On mettait toujours en exergue cette notion de dépravation", se souvient-elle.
Près de 40.000 couples homosexuels se sont dit "oui" depuis le 23 avril 2013, date du vote de la loi portée par la ministre de la Justice d'alors, Christiane Taubira. Environ 7.000 mariages entre personnes de même sexe sont célébrés chaque année, soit 3 % du total des mariages, un chiffre stable depuis 2015 après un pic en 2014 (10.522).
"C'est entré dans les mœurs. On s'étonne de moins en moins d'un mariage entre deux hommes ou deux femmes", se félicite Clémence Zamora-Cruz, porte-parole de l'Inter-LGBT (lesbiennes, gay, bi, trans).
Désormais, rares sont les personnalités politiques de premier plan à souhaiter son abrogation, à l'exception de Marine Le Pen. Même le patron des Républicains Laurent Wauquiez, participant assidu aux manifestations contre le texte, a déclaré en septembre ne plus souhaiter l'abroger.
Ces choix politiques épousent les dynamiques de l'opinion. En septembre 2016, 62 % des Français se disaient défavorables à l'abrogation de la loi, selon le dernier sondage réalisé sur la question par l'Ifop.
"Une partie de la population qui était opposée a fini par se rallier, soit par résignation, soit par légitimisme, une fois la loi votée", explique Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop.
Agressions homophobes
Le mariage gay "n'est plus le sujet aujourd'hui, car il n'est plus en débat", convient la présidente de la Manif pour tous Ludovine de la Rochère, qui continue, pour sa part, de souhaiter "son abrogation sans rétroactivité".
Son mouvement consacre désormais toute son énergie à s'opposer à l'ouverture de la Procréation médicalement assistée (PMA) à toutes les femmes. Promise puis abandonnée par François Hollande, la mesure est actuellement débattue dans le cadre des États généraux de la bioéthique.
"Le mariage pour tous a préparé la filiation pour tous. (...) Deux femmes ne peuvent pas fonder une famille. Avec la PMA, on prive l'enfant de père. C'est une injustice", estime Ludovine de la Rochère.
Les réunions publiques, organisées dans toute la France depuis janvier, ont vu affluer de nombreux ex-opposants au mariage homosexuel venus faire entendre leurs voix, au grand dam des associations LGBT.
La Manif pour tous "essaie de se refaire une santé sur le dos des personnes homosexuelles et des familles homoparentales", dénonce Joël Deumier.
"Il n'y a pas de militantisme chez les participants, ils sont dans la réflexion. Leur préoccupation est très forte", rétorque Ludovine de la Rochère, qui "ne saurait dire combien parmi eux sont sympathisants ou militants de la Manif pour tous".
"On a l'impression que ces débats n'ont fait qu'alimenter à nouveau la haine contre les personnes LGBT", juge Clémence Zamora-Cruz, s'appuyant sur une série récente d'agressions homophobes. En février, deux couples homosexuels ont été agressés à Dieppe et Pontoise. En mars, un couple gay a été insulté dans un supermarché de Rueil-Malmaison, en région parisienne.
Selon le rapport 2017 de SOS Homophobie, 212 agressions physiques à caractère homophobe ont été recensées en 2016 en France, soit une hausse de 20 %. "Si le mariage gay est entré dans les moeurs, cela ne signifie pas qu'il n'y a plus d'homophobie en France et qu'il n'y a plus de combats à mener", conclut Joël Deumier.
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