Le Bonheur en quelques questions ?
Le bonheur est-il un idéal à rechercher ? L’objectif d’une vie à poursuivre ? Est-il un état de contentement ou de satisfaction ? Ses conditions sont-elles extérieures à nous ou bien intérieures, dépendent-elles de nous ? Comment penser le bonheur : comme une récompense d’un bien visé ou au contraire s’éprouve-t-il tout au long de la vie ?
Martin Steffens (Piste 1)
Martin Steffens (Piste 2)
Quelques mots sur votre éducation ?
J’ai été élevé dans la foi chrétienne par des parents très militants avec le sens de la solidarité. A l’adolescence j’ai décroché de la foi et cela a été pour moi l’occasion de lire Nietzsche « Dieu est mort ». J’étais à mille lieues de l’Église. A 25 ans je me suis retiré à Strasbourg pour préparer l’agrégation et j’ai coupé avec la scène rock.
Qu’est-ce qu’une dissertation de philosophie réussie ?
C’est celui qui met le lecteur, le correcteur, en chemin en le prenant par la main en le conduisant dans un voyage littéraire. Flaubert disait : « Pour qu'une chose soit intéressante, il suffit de la regarder longtemps ». Montrer au lecteur qu’à partir d’un sujet, d’une question, je peux faire quelque chose d’essentiel en donnant de la saveur aux mots !
Selon vous, le bonheur est-il un rêve ?
Je crois que le bonheur a l’audace d’être le plus terre à terre possible. Un rêve c’est éthéré, c’est tiède. Tandis que le bonheur c’est une lucidité qui n’est pas triste et ose dire oui à la vie y compris dans ses difficultés et ses âpretés.
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Vous avez écrit un petit traité de la joie, pourquoi petit ?
C’est la mode des petits traités. Les personnes ont envie de synthétique, le monde va vite. J’ai voulu écrire un livre dense qui inspire la joie à son lecteur en l’invitant à s’ouvrir à cette liberté généreuse : consentir à la vie. Comme le dit Jean-Louis Chrétien : «la joie doit être spacieuse comme la dilatation du cœur qui ouvre les bras à l’existence. »
Le cœur est la vie vous inspire un commentaire ?
La vie ne va pas sans le cœur et le cœur ne va pas sans battre. Le battement du cœur a un double mouvement celui de l’ouverture vers l’autre en se dilatant ; et celui de la réception du don en se contractant sans cesser d’être ouvert à la vie.
Comment transmettre des valeurs et éveillés à des libertés ?
Le drame serait de ne pas transmettre de valeurs comme celle de l’éducation. Nos parents en nous éduquant aiguisent nos sens à l’esthétique de la musique, de la peinture, de la relation à l’autre. N’oublions pas aussi d’éveiller nos sens au spirituel qui est une valeur intérieure et donne du sens à la vie.
Parler de bonheur n’est pas simple ?
Les informations sont parfois une fenêtre morbide sur le monde qui nous fait croire que nous pourrions agir puisque nous encaissons la nouvelle. Notre toute puissance de voir ce qui passe est aussi notre impuissance de ne rien faire ou pas grand-chose. Gandhi disait : « sois toi-même le changement que tu attends pour le monde ! »
Noir c’est noir il n’y a plus d’espoir ?
Lorsque nous disons cela c’est que nous sommes dans une mauvaise stratégie d’espoir comme le dit Blaise Pascal : « l’homme ne vit pas, il espère de vivre » On espère que le bonheur c’est pour demain, on se dispose à être heureux mais résultat nous le sommes rarement au présent. L’espérance c’est savoir accueillir ce qui est donné ici et maintenant. L’espérance c’est savoir lire au cœur de ce que je vis ce qui m’est donné de force, de joie.
Et face au malheur, que répondez-vous ?
Je crois que nous pouvons trouver en nous assez de force pour l’affronter, assez d’intelligence pour en tirer leçons, assez d’amis pour nous soutenir. Comme l’écrit Charles Péguy : « L'Espérance voit ce qui n'est pas encore et qui sera dans le futur du temps et de l'éternité ».
Une vie qui a du goût c’est quoi selon vous ?
Si nous ne savons pas goûter, il pourra nous arriver les plus belles choses on ne les appréciera pas pleinement. Apprendre à goûter la vie, c’est être sensible aux simples choses. Pour St Ignace de Loyola le goût est le sens le plus important qui résume tous les autres.
En quoi St Exupéry vous passionne -t‘il comme auteur ?
C’est sa capacité à parler de la fragile beauté de toutes choses. En fait, c’est un regard d’enfant posé sur le monde, ponctué de naïveté, de lucidité, en même temps que doué d’émerveillement. Apprendre à voir la beauté dans nos vies ordinaires, en découvrant l’émerveillement qui peut s’y dévoiler à qui accepte d’ouvrir son regard.
Et votre croyance dans tout ça ?
Comme chrétien c’est être attentif à ces instants de grâce qui se donnent en silence, s’ouvrir à la beauté des êtres et des choses. Pour moi, l’absence de croyance en un au-delà tend à nourrir une société de consommation.
En quoi le silence peut-il être absence ou présence ?
Quand la maison est vide nous mettons de la musique pour ne pas entendre le silence. Autre est le silence dans une pièce où quelqu’un dort. Dans un cas c’est un silence qui peut être oppressant ou angoissant, dans l’autre cas c’est le silence de celui qui veille la présence d’une personne qui dort.
En quoi la mort peut-elle ouvrir à la vie ?
La mort n’est pas ce qui prive la vie de son sens mais ce qui donne à la vie sa profondeur, c’est-à-dire notre façon de donner du goût à la vie. Pour ne pas oublier les personnes décédées il est bon et beau de leur dire merci de ce qu’elles nous ont appris et donné. J’aime cette phrase de Dostoïevski : « si Dieu n’existe pas qui donc remerciera t’on pour la joie de notre vie, à qui l’homme chantera t-il son hymne de louange.
Quelles est votre devise ?
C’est « Il est violent de ne pas exiger d’un être humain tout ce qu’il peut donner. Les trois mots que j’affectionne : vivre, croire et aimer.
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