Après s'être recueillis depuis mardi à la mémoire de leurs compatriotes tués au service de leur pays ou dans des attentats, les Israéliens basculent de mercredi soir à jeudi soir dans les célébrations marquant la création de leur Etat proclamé le 14 mai 1948, mais fêté en ce moment en fonction du calendrier hébraïque.
Tout en se préparant aux festivités après le recueillement, Israël agite le spectre d'une attaque de l'Iran, son ennemi juré.
La crainte d'un tel acte d'hostilité, à la manière de l'offensive surprise d'une coalition arabe lors des célébrations de Yom Kippour en 1973, a été attisée par un raid le 9 avril contre une base aérienne en Syrie, imputé à Israël par le régime de Bachar al-Assad et ses alliés iranien et russe.
"L'attaque du régime sioniste en Syrie ne restera pas sans réponse", a déclaré Ali Akbar Velayati, conseiller du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, après que sept Iraniens ont péri dans le raid.
Depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, des dizaines de frappes à distance dans ce pays sont attribuées à Israël, qui se garde communément de les confirmer ou démentir. Elles visent des positions syriennes et des convois d'armes au Hezbollah libanais, qui comme l'Iran et la Russie, aide militairement le régime Assad dans le conflit.
Les "conseils" de Lieberman
Mais en février, Israël a admis pour la première fois avoir frappé des cibles iraniennes après l'intrusion d'un drone iranien dans son espace aérien. C'était la première confrontation ouvertement déclarée entre Israël et l'Iran en Syrie.
Israël martèle qu'il ne permettra pas à l'ennemi iranien de s'enraciner militairement en Syrie voisine.
L'imminence d'une escalade autour des fêtes israéliennes reste à démontrer. Les journaux israéliens publiaient cependant mercredi des éléments spécifiques sur la présence en Syrie des Gardiens de la révolution, unité d'élite iranienne.
La publication orchestrée de photos satellite de bases aériennes et d'appareils civils soupçonnés de décharger des armes, de cartes et même de noms de responsables militaires iraniens constitue un avertissement, convenaient les commentateurs militaires: Israël sait où et qui frapper en cas d'attaque.
L'armée a décidé par précaution de renoncer à envoyer des chasseurs F-15 à des manœuvres prévues en mai aux Etats-Unis.
Sans évoquer une menace iranienne immédiate, le ministre de la Défense Avigdor Lieberman a prévenu: "Nous ne cherchons pas l'aventure", mais "je conseille à nos voisins au nord (Liban et Syrie) et au sud (bande de Gaza) de tenir sérieusement compte" de la détermination à défendre Israël.
"Avec l'aide de Dieu, cet Etat continuera à exister pendant 7.000 ans. Ceux qui veulent nous tuer ne nous vaincront pas", a renchéri le Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Le constat de Grossman
Le 70e anniversaire est l'occasion pour Israël, habitué à livrer bataille et, selon les mots de M. Netanyahu, à se construire "le bouclier et l'épée à la main", de célébrer le "miracle" de son existence, sa force militaire, la prospérité de la "nation start-up" et son modèle démocratique.
Avec plus de 8,8 millions d'habitants, la population a décuplé depuis 1948, selon les statistiques officielles. La croissance s'est affichée à 4,1% au quatrième trimestre 2017. Le pays revendique une douzaine de prix Nobel.
Cependant, Israël accuse parmi les plus fortes inégalités des pays développés. L'avenir du Premier ministre, englué dans les affaires de corruption présumée, est incertain.
Hormis l'Egypte et la Jordanie, et malgré des signes de convergence, Israël n'a toujours pas fait la paix avec ses voisins arabes. Une solution au conflit israélo-palestinien a rarement paru plus lointaine.
L'anniversaire d'Israël coïncide avec "la marche du retour", mouvement organisé depuis le 30 mars dans la bande de Gaza, territoire palestinien soumis au blocus israélien. Après bientôt trois semaines de violences le long de la frontière qui ont fait 34 morts palestiniens, de nouvelles manifestations sont attendues vendredi.
"Israël a été établi pour que le peuple juif, qui ne s'est presque jamais senti chez soi nulle part au monde, ait enfin un foyer", a déclaré l'écrivain David Grossman lors d'une cérémonie mardi soir à Tel-Aviv troublée par des militants de droite protestant contre la présence de familles palestiniennes.
"Aujourd'hui, après 70 ans de réussites étonnantes dans tant de domaines, Israël, avec toute sa force, est peut-être une forteresse. Mais ce n'est toujours pas un foyer. Les Israéliens n'auront pas de foyer tant que les Palestiniens n'auront pas le leur".
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