Au niveau national, quatre universités (Toulouse-Jean Jaurès, Montpellier-Paul Valéry, Rennes-2 et Paris-8) sur environ 70 sont toujours totalement bloquées et neuf autres sites perturbés (sur environ 400) par des étudiants opposés à la loi réformant l'accès à l'université, accusée d'instaurer une "sélection" déguisée.
A Paris, l'accès au bâtiment principal de Sciences Po, dans le très chic 7e arrondissement, a été fermé dans la matinée "par mesure de sécurité" par la direction, en raison de l'occupation d'une partie de l'établissement. "Les cours qui y étaient prévus ont été reprogrammés ailleurs", a-t-elle précisé.
Environ 70 étudiants occupent pacifiquement "la Péniche", le hall principal de l'école, où ils avaient passé la nuit après une assemblée générale mardi soir, selon la direction.
"Nous occupons Sciences Po parce que Macron en est sorti, et que nous ne voulons pas finir comme lui", déclarent ces étudiants dans un communiqué dénonçant la "vaste entreprise néolibérale et raciste" qui serait menée par le gouvernement et demandant le retrait de la loi sur les universités.
Le mouvement était diversement apprécié mercredi matin devant l'établissement.
"Je soutiens l'ensemble des luttes. Il y a un ras-le-bol politique général", expliquait sur place Lounes, étudiante en 2e année de master. "Il faut montrer une cohésion, une unanimité contre la sélection", a ajouté celle qui vient d'"un lycée de zone d'éducation prioritaire (ZEP)" et se dit très attachée à "l'égalité des chances".
"C'est une honte!", dénonçait en revanche Paul, étudiant en première année: "Plein de gens veulent aller en cours. Il y a une majorité silencieuse qui ne veut pas ça".
En mars 2016, Sciences Po avait déjà été temporairement bloqué au moment de la contestation contre la loi travail.
Examens reportés
Elle aussi touchée par la mobilisation, l'université de Rouen a annoncé mercredi la fermeture de son principal campus jusqu'à lundi face aux menaces d'"extension des blocages" et "au risque accru de débordements".
A Paris mardi, le président de l'université Panthéon-Sorbonne, Georges Haddad, avait assuré que le site de Tolbiac, occupé depuis le 26 mars et devenu un l'un des lieux emblématiques de la mobilisation, était désormais un "capharnaüm".
M. Haddad a demandé l'intervention des policiers pour y faire lever le blocage, notamment après la découverte de cocktails Molotov sur le site. Mais la police a pour l'heure exclu une opération aussi sensible dans cette tour de 22 étages.
Mercredi après-midi, la justice administrative doit examiner à Paris un nouveau recours déposé par le syndicat UNI, classé à droite, visant à contraindre la préfecture de police d'intervenir à Tolbiac.
Le président de l'université de Rennes 2 n'a de son côté pas exclu de demander le recours à la force publique, au lendemain d'un vote qui a reconduit le blocage jusqu'au 30 avril.
A Nanterre, autre fac emblématique de la contestation d'où était parti le mouvement étudiant en mai 1968, une assemblée générale réunissant entre 1.600 et 1.700 personnes a voté massivement pour une reconduction du blocage jusqu'à jeudi.
Les examens qui devaient s'y tenir mercredi et jeudi devraient donc être reportés. Ceux de lundi et mardi ont déjà été décalés à une date non précisée pour le moment.
"Les examens qui ont été perturbés se tiendront", a de nouveau assuré mardi la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal.
Dimanche soir, Emmanuel Macron avait estimé que les étudiants mobilisés contre la loi Vidal étaient "souvent minoritaires" et dénoncé des violences "inadmissibles" souvent menés par "des professionnels du désordre".
A l'université d'Aix-Marseille, des sites sont perturbés depuis plusieurs semaines.
"On reste prudents, mais pas alarmistes", a affirmé François Germinet, de la Conférence des présidents d'université (CPU, pro-réforme), interrogé par l'AFP. Selon lui, à partir du 22 mai, les premières réponses aux vœux des lycéens sur la nouvelle plateforme Parcoursup permettront de "dédramatiser" la situation.
burs-ito/jt/gf
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