D'abord prévue pour jeudi, la session plénière de la nouvelle assemblée issue des élections législatives de mars se tient finalement sur deux jours, à partir de mercredi 9H00 locales (13H00 GMT).
Aucun programme officiel n'a été communiqué sur le déroulement de ses travaux tenus à huis clos, mais la nouvelle Assemblée devra d'abord inaugurer la nouvelle législature et élire ses cadres.
Suivra ensuite l'élection parmi les députés des 31 membres du Conseil d'Etat, et simultanément du président de cet organe exécutif suprême, qui succédera à Raul Castro.
Si l'Assemblée avance assez vite, ce vote pourrait aussi se tenir mercredi mais il n'est pas prévu que l'identité du nouveau chef de l'exécutif soit révélée avant jeudi.
Arrêtée depuis plusieurs mois, cette date du 19 avril correspond au 57e anniversaire de la victoire de la baie des Cochons face à des troupes anti-castristes soutenues par Washington en 1961.
Depuis la révolution de 1959, Cuba n'a connu qu'une seule véritable transition à sa tête. C'était en 2006, et Fidel Castro, atteint par la maladie, passait le témoin à son frère cadet après plus de 40 ans de pouvoir sans partage.
Fidel Castro s'est éteint fin 2016 et c'est aujourd'hui au tour de Raul, 86 ans, de céder son siège à un représentant de la nouvelle génération qui devrait sauf surprise être le premier vice-président, Miguel Diaz-Canel, un civil de 57 ans.
Numéro deux du régime depuis 2013, cet homme du système aux faux airs de l'acteur américain Richard Gere y a été préparé. Depuis plusieurs années, il représente régulièrement son gouvernement lors de missions à l'étranger et ses apparitions dans les médias se font de plus en plus fréquentes.
S'il est élu, l'ingénieur en électronique né après la révolution devra asseoir son autorité et poursuivre l'indispensable "actualisation" du modèle économique de l'île esquissée par le cadet des Castro. Des charges lourdes pour un homme au profil plutôt discret qui a gravi dans l'ombre les échelons du pouvoir cubain.
Pression
"Il sera intéressant d'observer si (M. Diaz-Canel) est capable de résister à la pression de cette charge", note Paul Webster Hare, professeur de relations internationales à Boston, aux Etats-Unis, et ex-ambassadeur britannique à Cuba.
"Fidel et Raul (...) n'ont jamais eu à justifier leurs positions. Ils avaient mené la Révolution et personne ne remettait en cause leur +droit+ d'être dirigeants. (Mais) ils n'ont pas créé de modèle démocratique permettant de conduire un changement, c'est une des principales raisons pour lesquelles Diaz-Canel fait face à une tâche ardue", poursuit-il.
Pour la première fois depuis des décennies, le président n'aura pas connu la révolution de 1959, ne portera pas l'uniforme vert olive et ne dirigera pas le Parti communiste cubain (PCC).
Mais il pourra combler ce déficit de légitimité grâce à Raul Castro, qui gardera la tête du puissant parti unique jusqu'en 2021. A ce poste, il devra mobiliser la vieille garde des "historiques", perçus pour la plupart comme rétifs aux réformes les plus ambitieuses.
Leur niveau de responsabilité de ces derniers au sein du nouveau Conseil d'Etat donnera une indication sur la volonté réformatrice du régime, comme sur la marge de manoeuvre du nouveau président.
Continuité du système oblige, celui-ci n'a jamais présenté de programme, mais il devra tenir compte des "lignes directrices" ("lineamientos") votées par le parti unique et le Parlement, qui dessinent les orientations politiques et économiques à mener d'ici 2030.
Le prochain gouvernement "va devoir rendre des comptes au peuple, le peuple participera aux décisions", avait déclaré M. Diaz-Canel au moment de voter aux dernières législatives dans sa ville de Santa Clara (centre).
De l'avis des experts, le futur président sera surtout attendu sur le terrain économique, et sur son aptitude à mener les réformes nécessaires pour redresser une économie stagnante (1,6% en 2017) et fortement dépendante des importations et de l'aide de son allié vénézuélien aujourd'hui affaibli.
Selon eux, le chantier le plus impérieux qui se présente est l'unification monétaire, mesure maintes fois ajournée qui vise à supprimer un système de dualité de monnaies nationales unique au monde et responsable depuis 1994 de distorsions dans une économie encore largement étatisée.
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