Sur cette "petite loi de petits ajustements techniques" qui "ne permettra pas à la France de sortir du chaos migratoire", aux yeux de Guillaume Larrivé, LR cible notamment les premiers articles, "catastrophiques" selon leur président de groupe Christian Jacob, qui visent à faciliter le séjour de ceux ayant obtenu une protection internationale.
L'article 1er permettant un titre de séjour valable quatre ans maximun, au lieu d'un an actuellement, aux bénéficiaires de la protection subsidiaire et apatrides mais aussi aux conjoints, partenaires d'union civile ou concubins, a rapidement suscité mardi des attaques en piqué des LR, mais aussi des FN, puis des échanges sous très haute tension.
A l'inverse des "marcheurs" satisfaits d'une "réelle avancée" même si quelques-uns comme Jean-Michel Clément ont regretté qu'elle ne soit pas "plus généreuse", ou de la gauche de la gauche qui a évoqué "un petit îlot d'humanité au milieu d'un océan de cruauté" selon la formule de Danièle Obono (LFI), ils ont fustigé "un appel d'air", une mesure "dangereuse" rendant notre "modèle" de "plus en plus attractif".
Les LR ont bondi lorsque le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a dénoncé la "confusion dans les esprits" LR avec "un affichage qui vise à faire peur aux Français", ou du "sectarisme" d'Eric Ciotti, Sébastien Huyghe le taxant alors d'"accusateur public".
Indignation aussi quand le chef de file LREM sur le texte, Florent Boudié, a lancé: "Les LR sont-ils devenus d'extrême droite? Nous avons ce soir la réponse. Vous êtes à l'unisson idéologique". "Dès qu'il n'y a pas la pensée unique qui tombe du sommet, on est d'extrême droite", a riposté Eric Ciotti, Sébastien Huyghe jugeant que "les orientations anciennes collent à la peau de ceux qui sont issus de la gauche" parmi les macronistes.
Les FN, Gilbert Collard en tête, ont refusé d'être qualifiés "d'extrême droite".
Obligée d'intervenir plusieurs fois, la présidente de séance, Annie Genevard (LR), a glissé: "si les esprits s'échauffent dès maintenant, je ne sais pas comment nous terminerons".
Les LR, mais aussi FN, ont tenté vainement de supprimer l'extension de l'octroi du titre subsidiaire au concubin, Julien Aubert et Fabien di Filippo récusant les objections juridiques du ministre et de la rapporteure Elise Fajgeles.
Aux LR, qui critiquaient notamment le concept "évanescent" de concubinage, Ugo Bernalicis (LFI) a répliqué qu'il pouvait "prouver qu'il y a concubinage entre droite et extrême droite" au vu d'amendements, Elsa Faucillon qu'"à force de haine de l'autre, on finit par mettre en danger les droits de toutes et tous".
Au-delà de la réforme de l'asile, les Républicains, qui ne voteront pas le projet de loi, ont déposé moult amendements pour instaurer "des plafonds d'immigration", conditionner l'accès aux prestations sociales "à plusieurs années de travail légal en France", supprimer l'aide médicale d'Etat, expulser les étrangers fichés pour radicalisation, etc.
Sur l'immigration, objet mercredi d'une convention du parti de Laurent Wauquiez, les divisions internes s'effacent. Le mouvement Libres! de Valérie Pécresse a présenté mardi ses propositions, comprenant un durcissement des conditions de regroupement familial, une réforme du droit du sol ou une lutte plus ferme contre les mariages blancs.
Contre-projet FN
Verra-t-on des députés FN soutenir des amendements LR ou inversement ? A cette question, M. Jacob a répondu devant la presse qu'il "se contrefiche de ce que fait le FN. Nous, on défend nos amendements".
Absent en commission, les sept députés FN se sont mobilisés dans l'hémicycle sur un de leurs thèmes fondamentaux.
Signataire d'une cinquantaine d'amendements, Marine Le Pen a présenté lundi devant la presse "un contre-projet complet" pour "une politique alternative d'immigration", voyant "un lien irréfutable entre immigration et insécurité". Le FN propose notamment la préférence nationale dans l'accès à l'emploi, de "supprimer tous les dispositifs incitatifs à l'immigration", ou "zéro régularisation".
Et le président de Debout La France, Nicolas Dupont-Aignan, qui l'avait ralliée dans l'entre-deux-tours de la présidentielle, a proposé mardi "d'enclencher pour la première fois dans notre pays le référendum d'initiative partagée prévu par la Constitution". Il n'a pas déposé un seul amendement sur les 1.056 en discussion d'ici la fin de la semaine.
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