A la mi-journée, quatre universités étaient toujours bloquées et entre 10 et 12 sites perturbés par des étudiants opposés à la loi réformant l'accès à l'université, selon le ministère de l'Enseignement supérieur. Comme la veille.
"La violence, la drogue, le sexe même": le président de l'université parisienne Panthéon-Sorbonne, Georges Haddad, a voulu marquer les esprits en décrivant sur Cnews le site de Tolbiac aux mains de bloqueurs ayant transformé les lieux, selon lui, en "capharnaüm".
Le site, occupé depuis le 26 mars par des étudiants et militants, est devenu l'un des lieux emblématiques de la mobilisation contre la loi modifiant l'accès à la fac.
Qualifiant la situation de "préinsurrectionnelle" et craignant "le pire", le président a affirmé "attendre désespérément que le centre soit évacué" par les forces de l'ordre: "Vais-je être obligé de faire directement appel au ministère de l'Intérieur?"
Le 11 avril, il avait demandé l'intervention de la police pour faire lever le blocage, notamment après la découverte de cocktails Molotov à Tolbiac. Mais la police a pour l'heure exclu une opération aussi sensible dans cette tour de 22 étages.
Lundi, le syndicat étudiant UNI, classé à droite, a annoncé le dépôt d'un nouveau recours visant la préfecture de police. Une audience a été fixée devant le tribunal administratif mercredi matin.
Le président de l'université de Rennes 2 n'a de son côté pas exclu mardi le recours à la force publique, au lendemain d'un vote qui a reconduit le blocage jusqu'au 30 avril.
"Sur le volet politique, j'ai déjà pris contact à plusieurs reprises avec le ministre (...) mais, sur le volet de la sécurité, je suis inquiet de l'évolution des conditions dans les bâtiments occupés, et si l'intervention policière est la seule possible, je serai obligé d'y recourir", a déclaré Olivier David à l'AFP.
Examens reportés
A Nanterre, autre fac emblématique de la contestation d'où était parti le mouvement étudiant en mai 1968, une assemblée générale réunissant entre 1.600 et 1.700 personnes a voté massivement pour une reconduction du blocage jusqu'à jeudi, malgré la tenue de partiels.
Les examens organisés mercredi et jeudi devraient donc être reportés, selon la direction de l'université. Ceux de lundi et mardi ont déjà été décalés à une date non fixée pour le moment.
"Vous muselez des centaines d'étudiants", a dénoncé en AG Charlotte, étudiante en droit. "Vous vous mettez à dos des personnes qui partagent votre opinion", a renchéri une autre, suscitant des applaudissements nourris.
A Montpellier, la plus grande confusion régnait sur le campus de l'université Paul-Valéry, "fermée" depuis samedi par son président Patrick Gilli mais toujours "occupée" par des étudiants.
Dans la matinée, le tribunal administratif a examiné la requête de la présidence qui demande en référé l'expulsion des occupants "sans droit ni titre" alors que le préfet de l'Hérault a assuré lundi qu'une intervention policière "se rapproche". Le tribunal doit notifier sa décision au plus tard mercredi.
"Le réoccupation légale est nécessaire pour assurer la continuité du service public" pour les 20.000 étudiants qui y sont inscrits, a plaidé une représentante de la direction. La présidence a par ailleurs chiffré à 200.000 euros les dégradations commises dans les locaux de la faculté.
Dans les Bouches-du-Rhône, un groupe d'étudiants a tenté de bloquer la faculté de lettre d'Aix-en-Provence à l'aube, sans succès. Lors d'une assemblée générale à la faculté de Sciences Saint-Charles à Marseille, les enseignants ont voté à la majorité une motion de soutien aux étudiants mobilisés.
Autre ambiance à Lille, sur le campus de la faculté de droit de Moulins, où quelque 300 étudiants ont assisté à une cérémonie de remise de diplômes "d'agitateurs professionnels": une représentation théâtrale visant à dénoncer ironiquement les propos d'Emmanuel Macron sur les blocages des universités.
"On reste prudents, mais pas alarmistes", a affirmé François Germinet, de la Conférence des présidents d'université (CPU, pro-réforme), interrogé par l'AFP. Selon lui, les premières réponses aux vœux des candidats sur la plateforme Parcoursup, à partir du 22 mai, permettront de "dédramatiser" la situation.
burs-ito/blb/sd
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