La semaine s'annonce pourtant décisive: les occupants illégaux de ce territoire de 1.650 hectares doivent déclarer leurs projets agricoles d'ici lundi prochain et ainsi amorcer un "processus de régularisation".
Faute de quoi, "à l'issue de ce délai tout ce qui doit être évacué sera évacué", a asséné dimanche soir le chef de l'État, Emmanuel Macron.
"Le temps est compté", a souligné la préfète des Pays de la Loire, Nicole Klein. Elle a indiqué à l'AFP avoir proposé à la délégation des opposants à l'ex-projet d'aéroport de "venir (la) voir" dans la semaine, une invitation restée jusque-là sans réponse.
Une réunion était en cours dans l'après-midi sur la ZAD pour essayer de dégager une position commune à cette demande de rendez-vous, selon plusieurs occupants.
"On est en train d'en discuter sur le territoire, mais de toute façon le contexte ne s'y prête pas", explique l'un d'eux, utilisant le prénom générique "Camille".
Présentée par les autorités comme une "main tendue", ce délai supplémentaire est perçu sur le site comme "un bâton", alors que les opérations de gendarmerie se poursuivaient pour le huitième jour consécutif.
"Avec cet ultimatum posé en présence policière, on n'est toujours pas dans une situation de négociation, mais dans une posture d'injonction", déplore Marcel Thébault, agriculteur "historique", installé depuis 1999 à l'ouest de la ZAD.
"Porte de sortie"
"On ne peut pas décemment négocier avec une arme sur la tempe, avec une occupation militaire. Ce n'est pas un cadre de négociations", martèle "Camille".
"Je me fais réveiller tous les matins avec des grenades de désencerclement autour de la caravane. On est dans un climat qui n'est absolument pas serein pour trouver une porte de sortie qui conviendrait aux deux parties", renchérit Lucas, installé comme brasseur au lieu-dit "Les Fosses noires", au cœur des affrontements avec les forces de l'ordre depuis une semaine.
Sur la ZAD, le jeune homme fait figure d'exception: il est l'un des rares zadistes à avoir déclaré son activité agricole à la mutualité sociale agricole (MSA), avant l'abandon du projet d'aéroport. Pour autant, il rejette les demandes de régularisations individuelles.
Il ne s'agit pas de déclarer un bail précaire individuel, selon la préfète Nicole Klein, mais de remplir un formulaire simplifié prouvant "la bonne volonté de rentrer dans les règles de droit". Cette déclaration d'intention doit comporter l'identité du porteur de projet, une adresse, un numéro de téléphone, d'éventuels diplômes ou expériences professionnelles, ainsi qu'une présentation succincte du projet et des parcelles concernées, selon une copie parvenue à l'AFP.
"On reste ouvert aux négociations, mais ce que nous propose la préfète, c'est juste un remaquillage de propositions déjà faites. Nous le pas en avant, on l'a fait, en envoyant une proposition de convention collective, mais elle l'a balayée du revers de la main", regrette Lucas.
"L'ensemble des activités ici sont interdépendantes. C'est pourquoi on fait la demande d'un projet collectif et si cette demande n'est pas reçue c'est une incompréhension complète de la part de l'État de ce qu'est ce territoire", abonde "Camille".
Pour le Cédpa, collectif d'élus opposés à l'ex-projet d'aéroport, qui s'est "retiré" de la délégation inter-composantes, le délai supplémentaire des autorités est bien "une issue raisonnable" à "l'engrenage de violence mis en place depuis une semaine".
"D'ici le 23 avril, certains sont capables de signer un bout de papier en disant je m'appelle +Machin+. C'est tout simple. Ne pas le faire serait un gâchis", estime Françoise Verchère, coprésidente du Cédpa.
L'Acipa, association historique d'opposants à l'aéroport, juge quant à elle ce délai supplémentaire "trop court, dans le climat actuel" et invite à un retour du dialogue entre la préfecture et les occupants.
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