La mission de l'OIAC "n'a pas encore été déployée à Douma", a déclaré lundi à La Haye le directeur de l'organisation, Ahmet Uzumcu.
Plus tôt, l'ambassadeur britannique aux Pays-Bas Peter Wilson avait expliqué que les Russes et les Syriens n'avaient "pas été en mesure de garantir la sécurité de la délégation pour se rendre à Douma à ce stade" et qu'aucune date n'avait été fixée pour leur entrée dans la ville.
Travail d'enquête compliqué
Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a nié toute mauvaise volonté, qualifiant les informations faisant état d'une "entrave" aux inspecteurs de l'OIAC de "sans fondement" et soulignant que la Russie était dès le début "pour une enquête impartiale".
La tension internationale ne faiblit pas après les frappes de représailles menées samedi par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni contre des sites militaires du régime de Bachar al-Assad, après l'attaque chimique présumée du 7 avril dans la ville alors rebelle de Douma, dans la Ghouta près de Damas.
Les frappes occidentales, d'une ampleur inédite, sont intervenues malgré la présence en Syrie des enquêteurs de l'OIAC qui ont débuté dimanche leur mission dans le plus grand secret. Ces experts ont pour mandat d'enquêter sur l'utilisation éventuelle d'armes chimiques, mais pas d'en identifier les auteurs.
Leur travail s'annonce compliqué, plus d'une semaine après les faits, dans une zone passée depuis sous le contrôle du régime syrien et de la police militaire russe, ravagée par cinq ans de siège et une violente offensive lancée le 18 février, et où des opérations de déminage sont en cours.
Les derniers combattants rebelles de Douma ont quitté la ville samedi dans le cadre d'un accord de reddition signé le 9 avril.
Moscou, grand allié du régime syrien, s'est engagée à "ne pas s'ingérer" dans le travail de la mission de l'OIAC, officiellement invitée par les autorités de Damas qui nient toute responsabilité dans le drame de Douma, qui a fait au moins 40 morts et des centaines de blessés, selon les secouristes.
"Demander des comptes"
Le Royaume-Uni a quant à lui exhorté l'OIAC à "demander des comptes aux auteurs de l'attaque", sans quoi le monde risquerait "d'autres utilisations barbares d'armes chimiques, en Syrie et ailleurs".
"Le régime syrien a une réputation odieuse d'utiliser des armes chimiques contre son propre peuple", a déclaré l'ambassadeur britannique Peter Wilson, appelant les Etats membres de l'OIAC à prendre leurs "responsabilités".
"Ne pas agir pour demander des comptes aux auteurs ne fera que créer le risque d'autres utilisations barbares d'armes chimiques, en Syrie et ailleurs", a poursuivi M. Wilson.
Dans la capitale syrienne, fief du régime, des milliers de personnes ont envahi lundi la place des Omeyyades, fermée à la circulation pour l'occasion, brandissant drapeaux syriens et portraits du président Assad pour dénoncer les frappes occidentales.
Désormais, la priorité est le démantèlement total du programme chimique syrien, a déclaré l'ambassadeur français à La Haye, Philippe Lalliot.
"Les faits sont là et têtus. Ils résistent aux mensonges les plus grossiers et aux dénégations les plus absurdes", a-t-il lâché, ajoutant qu'il n'y avait plus de doutes: "la Syrie a conservé un programme chimique clandestin depuis 2013".
Cette année-là, après l'attaque au gaz sarin de la Ghouta, qui déjà avait fait plusieurs centaines de morts, le régime de Bachar al-Assad avait fini par rejoindre l'OIAC sous la pression internationale, et pris l'engagement formel de déclarer tous ses stocks et de ne plus jamais utiliser d'armes chimiques.
Par ailleurs, Américains, Français et Britanniques ont présenté à l'ONU un nouveau projet de résolution sur la Syrie qui devrait être discuté à partir de lundi. Le texte inclut notamment la création d'un nouveau mécanisme d'enquête sur l'emploi d'armes chimiques.
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