Naturalisé Américain en 1977, il a remporté à deux reprises l'Oscar du meilleur réalisateur pour "Vol au-dessus d'un nid de coucou" (1976) et "Amadeus" (1985). Son oeuvre immense et singulière s'est concentrée sur des personnages insoumis en butte avec toutes formes d'oppression.
Né le 18 février 1932 à Caslav, une petite ville à une centaine de kilomètres de Prague, il devient orphelin après la déportation et la mort de ses parents, résistants tchèques contre l'occupant nazi, dans les camps de concentration Buchenwald et Auschwitz.
Après avoir fréquenté un internat pour l'élite de la jeunesse communiste à Podebrady près de Prague où il rencontre Vaclav Havel, futur dramaturge, dissident et président, il poursuit ses études à la prestigieuse Ecole du cinéma de Prague FAMU.
Rompre avec le ton conformiste
Avec ses nombreux contemporains comme Jiri Menzel (Oscar du meilleur film en langue étrangère en 1968 pour "Trains étroitement surveillés"), Ivan Passer et Vera Chytilova, il profite d'un dégel relatif dans les années 1960 pour rompre avec le conformisme des productions communistes.
Avec "Le Concours (1963), "L'As de pique" (1964), "Les Amours d'une Blonde" (1965) et "Au feu, les pompiers!" (1967), il contribue largement à la naissance de la Nouvelle vague tchécoslovaque, caractérisée par la franchise de l'expression souvent obtenue grâce au choix d'acteurs non professionnels.
Initialement produit par le magnat italien Carlo Ponti, la satire sociale "Au feu, les pompiers!" suscite le courroux des autorités communistes mais aussi du producteur lui-même. Ce dernier veut récupérer ses 80.000 dollars, refusant de financer ce qui était à ses yeux une parodie plate.
Après avoir risqué la prison, Milos Forman est tiré d'affaire par les cinéastes français François Truffaut et Claude Berri qui rachètent les droits du film.
"Au feu, les pompiers!" n'est toutefois pas présenté à Cannes en mai 1968, le festival ayant été clos prématurément en raison des événements à Paris.
Peu de temps avant l'occupation de la Tchécoslovaquie par les forces du Pacte de Varsovie en 1968 qui met fin à la période libérale du "Printemps de Prague", Milos Forman opte pour l'exil, d'abord en France puis aux Etats-Unis.
New-Yorkais d'adoption naturalisé Américain en 1977, il obtient la consécration internationale grâce à une kyrielle de films au succès flamboyant.
Il tourne "Vol au-dessus d'un nid de coucou" (1975), film quasi documentaire sur les hôpitaux psychiatriques avec Jack Nicholson et Louise Fletcher, puis la version cinématographique de la célèbre comédie musicale "Hair" (1979) et "Ragtime" en 1981.
Huit Oscars pour "Amadeus"
"J'ai connu la pression politique et idéologique d'un pays communiste, et celle, commerciale, qui pèse sur les réalisateurs aux Etats-Unis. Je préfère de loin la pression commerciale où vous dépendez du public, à la pression idéologique où vous êtes à la merci de n'importe quel imbécile", dira-t-il à l'AFP.
Peu avant la chute du communisme, il retourne dans son pays natal pour tourner dans le décor naturel de Prague son chef-d'œuvre "Amadeus", avec ses fidèles collaborateurs tchèques dont le directeur de la photo Miroslav Ondricek.
Une fresque sur la rivalité des compositeurs Wolfgang Amadeus Mozart et Antonio Salieri est récompensée en 1985 de huit Oscars, dont celui du meilleur film.
Sa filmographie inclut aussi "Valmont" (1989), une variation sur les "Liaisons dangereuses" de Pierre Choderlos de Laclos, "Larry Flynt" (1996) réflexion sur la liberté d'expression à travers la vie du pornographe, "Man on the Moon" (1999) avec Jim Carrey, inspiré de la vie du comique Andy Kaufman, et les "Fantômes de Goya" (2006).
Grand amateur de cyclisme et de cigares, il a été marié trois fois: avec deux actrices, Jana Brejchova et Vera Kresadlova qui lui a donné les fils jumeaux Matej et Petr, puis avec la scénariste Martina Zborilova, avec qui il a à nouveau eu des jumeaux, Andy et Jim, comme Andy Kaufman et Jim Carrey.
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