"Nous ne pouvons tolérer la banalisation de l'emploi d'armes chimiques", a annoncé le chef de l'Etat peu avant 03H30, une demi-heure après l'annonce de fortes explosions dans la capitale syrienne Damas.
Ces derniers jours, le président de la République avait déployé une intense activité diplomatique, multipliant les entretiens téléphoniques, notamment avec ses homologues américain Donald Trump et russe Vladimir Poutine.
Pour le chef de l'Etat, "les faits et la responsabilité du régime syrien ne font aucun doute" concernant la mort "de dizaines d'hommes, de femmes et d'enfants" dans une attaque "à l'arme chimique" le 7 avril à Douma.
"La ligne rouge fixée par la France en mai 2017 a été franchie. J'ai donc ordonné aux forces armées françaises d'intervenir cette nuit, dans le cadre d'une opération internationale (...) dirigée contre l'arsenal chimique clandestin du régime syrien", précise-t-il dans un communiqué diffusé dans la nuit.
Le président a ensuite publié sur Twitter des messages en français, anglais et arabe avec une photo le montrant en train de présider une réunion dans le PC Jupiter, le poste de commandement de l'Elysée. Il est entouré de la ministre des Armées Florence Parly et de ses principaux conseillers diplomatiques et militaires.
Emmanuel Macron aura l'opportunité d'expliquer sa décision au cours de l'interview programmé dimanche soir sur BFMTV, RMC et Mediapart.
En attendant, c'est le chef de la diplomatie Jean-Yves Le Drian qui a fait une déclaration pour justifier une opération "légitime", "proportionnée et ciblée".
S'exprimant à ses côtés, Mme Parly a indiqué que la France avait mobilisé à la fois des frégates multimissions en Méditerranée et des avions de chasse pour frapper. Ces appareils - cinq Rafale, quatre Mirage 2000, deux Awacs et cinq avions ravitailleurs - ont décollé de plusieurs bases aériennes de l'Hexagone.
Les 12 missiles tirés par la frégate engagée et les avions ont visé un site de production et un site de stockage d'armes chimiques dans la région de Homs, selon l'Elysée.
Le Parlement informé
Près d'un an après son élection, Emmanuel Macron endosse ainsi pour la première fois ses habits de chef de guerre pour ordonner une opération, après avoir hérité de celles contre les jihadistes au Levant (Chammal) et au Sahel (Barkhane).
Il n'avait guère laisser planer de doutes sur ses intentions de réagir militairement après l'attaque du 7 avril qui correspondait, selon lui, à la "ligne rouge" qu'il avait fixée, à savoir une attaque chimique présentant un caractère "létal" et pour laquelle la responsabilité du régime était "avérée".
Après une précédente attaque chimique attribuée au régime en septembre 2013, la France, sous la présidence de François Hollande, avait déjà souhaité intervenir en Syrie avant de renoncer en raison d'une volte-face du président américain Barack Obama.
Dans son communiqué, Emmanuel Macron souligne que les priorités de la France restent inchangées en Syrie, à savoir "terminer la lutte contre Daech (acronyme arabe de l'organisation Etat islamique, ndlr), permettre l'accès de l'aide humanitaire aux populations civiles et enclencher une dynamique collective pour parvenir à un règlement politique du conflit". "Je poursuivrai ces priorités avec détermination dans les jours et les semaines à venir", assure-t-il.
M. Macron doit se rendre dans les prochaines semaines aux Etats-Unis, puis en Russie.
Le chef de l'Etat annonce aussi que, conformément à la Constitution, "le Parlement sera informé et un débat parlementaire sera organisé, suite à cette décision d'intervention de nos forces armées à l'étranger". Edouard Philippe a informé dans la nuit les présidents des deux chambres du Parlement.
Bruno Retailleau, chef de file des sénateurs LR, s'est déclaré "inquiet" des frappes, car "ajouter la guerre à la guerre n'a jamais fait avancer la paix". "Cette démonstration de force ponctuelle risque d'alimenter le terrorisme", craint-il.
Marine Le Pen, présidente du FN, a estimé qu'avec les frappes, la France perdait "une occasion d'apparaître sur la scène internationale comme une puissance indépendante".
"Les frappes contre la Syrie se font sans preuve, sans mandat de l'ONU et contre elle, sans accord européen et sans vote du Parlement français", s'est emporté Jean-Luc Mélenchon, chef de file de La France Insoumise.
Mais pour Christophe Castaner, patron de LREM, "la France ne pouvait se tenir aveugle et muette face à cette barbarie".
Jean-Christophe Lagarde, président de l'UDI, et Olivier Faure, Premier secrétaire du PS, ont également apporté leur soutien à cette opération.
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