Au moment même où le président américain annonçait ces frappes depuis la Maison Blanche, des détonations ont été entendues à Damas, marquant un nouveau chapitre dans ce pays ravagé par une guerre sanglante et complexe qui dure depuis sept ans.
Selon une correspondante de l'AFP à Damas, centre du pouvoir de M. Assad, les explosions ont été suivies par des bruits d'avions tandis que des colonnes de fumée se sont élevées du nord-est de la capitale syrienne.
"J'ai ordonné aux forces armées des Etats-Unis de lancer des frappes de précision sur des cibles associées aux capacités du dictateur syrien Bachar al-Assad en matière d'armes chimiques", a lancé M. Trump.
"Une opération combinée est désormais en cours avec la France et le Royaume-Uni, nous les remercions tous les deux", a-t-il ajouté.
Le régime syrien a dénoncé une "agression barbare et brutale" des Occidentaux, qu'il a accusés de chercher à entraver une mission de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC) dont une équipe doit entamer samedi son enquête à Douma sur l'attaque chimique présumée du 7 avril.
Selon la télévision d'Etat, la défense anti-aérienne syrienne est entrée en action contre les avions occidentaux, et des missiles contre une position militaire à Homs ont été interceptés.
Au lever du soleil à Damas, des dizaines de partisans du régime arborant des drapeaux syriens, se sont rassemblés sur l'emblématique place des Omeyyades, au son des klaxons et de musiques patriotiques.
Les voitures, décorées aux couleurs rouge, noire et blanche, ont même formé un petit embouteillage autour de la fontaine au centre de la place. Certains font le V de la victoire, d'autres font des selfies ou dansent sur la chaussée.
"Insulte" à la Russie
C'est une attaque présumée aux "gaz toxiques" dans le dernier bastion rebelle de Douma près de Damas, qui est à l'origine des frappes déclenchées après une mobilisation de la communauté internationale, déjà saisie par l'horreur d'une guerre civile qui a fait plus de 350.000 morts depuis mars 2011.
Elle a fait plus de 40 morts selon des secouristes à Douma. Le régime et l'allié russe ont démenti en dénonçant des "fabrications".
Selon le général Joe Dunford, chef d'état-major américain, les forces occidentales ont visé à 01H00 GMT (04H00 en Syrie), trois cibles liées au programme d'armement chimique syrien, l'une près de Damas et les deux autres dans la région de Homs (centre).
Il a précisé qu'aucune autre opération militaire visant la Syrie n'était prévue à ce stade.
"Il est clair que le régime Assad n'avait pas reçu le message l'an dernier", a dit le ministre américain de la Défense Jim Mattis, rappelant la frappe américaine d'avril 2017 sur la base militaire d'Al-Chaayrate près de Homs, après une autre attaque chimique imputée à Damas qui avait fait plus de 80 morts à Khan Cheikhoun (nord-ouest) quelques jours auparavant.
"Nous avons été très précis et la réponse était proportionnée, mais, en même temps, ce fut une frappe lourde", a-t-il ajouté, précisant que les forces américaines avaient employé deux fois plus de munitions que l'an dernier.
Aucune perte américaine n'a été rapportée, selon le Pentagone.
Allié indéfectible du régime syrien, la Russie a réagi par la voix de son ambassadeur aux Etats-Unis, Anatoli Antonov, aux frappes occidentales. "Nos mises en garde n'ont pas été entendues" et ces frappes sont une "insulte" au président Vladimir Poutine, selon lui.
Selon le ministère de la Défense à Moscou, 100 missiles ont été tirés sur la Syrie, dont "un nombre significatif" ont été interceptés par les forces syriennes. Aucune des frappes n'a atteint les abords des bases aérienne et navale russes en Syrie.
Frégates et avions de chasse
Londres a annoncé que quatre avions de chasse Tornado GR4 de la Royal Air Force avaient bombardé un "complexe militaire" près de Homs.
Paris a indiqué que la France avait frappé avec des frégates multimissions en Méditerranée et des avions de chasse. Selon le président Emmanuel Macron, les frappes ont été "circonscrites aux capacités du régime syrien permettant la production et l'emploi d'armes chimiques".
Dans sa déclaration, Donald Trump a mis en garde l'Iran et la Russie, qui ont déployé des milliers d'hommes et du matériel en Syrie pour aider M. Assad face aux rebelles et jihadistes, contre leurs liens avec le pouvoir syrien.
Il a affirmé que la Russie avait "trahi ses promesses" de 2013 sur l'élimination des armes chimiques syriennes.
Avant le lancement des frappes, le département d'Etat avait assuré avoir "la preuve" de l'utilisation d'armes chimiques par le régime Assad.
Après avoir exprimé la crainte d'une "escalade militaire totale", le patron de l'ONU Antonio Guterres a appelé à la retenue "dans ces circonstances dangereuses".
Autre principal acteur du conflit en Syrie et ennemi juré des Etats-Unis, l'Iran a lui mis en garde contre les "conséquences régionales" des frappes occidentales, en dénonçant une "action aventuriste".
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