Quatre universités (sur environ 70 au total) sont entièrement bloquées ou fermées et dix sites universitaires (sur 400) connaissent de sérieuses perturbations (blocages, occupations, etc.), selon le dernier comptage du ministère de l'Enseignement supérieur, en date de vendredi. La situation est fluctuante et évolue de jour en jour.
La ministre Frédérique Vidal, dont la réforme est accusée par ses détracteurs d'instaurer une "sélection" à l'entrée à la fac, s'est rendue dans l'après-midi à l'université de Cergy-Pontoise, en région parisienne, qui n'est pas perturbée.
Sur place, elle a jugé "important de ne pas apporter de la violence à la violence". Elle a distingué "les AG où l'on débat, et c'est normal" et celles qui deviennent "des lieux de mise en scène, d'affrontement et des lieux de violence".
Dans ce contexte, "les présidents ont un travail extrêmement difficile à faire. Ils sont sous une pression extrême", a-t-elle déclaré à France Culture. Ils "estiment la dangerosité de ce qui est en train de se dérouler" et, lorsqu'ils pensent "qu'il peut y avoir des risques, ils doivent faire appel aux forces de l'ordre", a-t-elle ajouté.
Jeudi soir, la Sorbonne, bâtiment co-géré par le rectorat de Paris et deux universités, a été évacuée sur ordre du recteur. Quelque 200 étudiants et militants opposés à la réforme Vidal avaient voté dans l'après-midi "l'occupation" de ce site emblématique de Mai 68, au cœur du Quartier latin, selon le cabinet du recteur.
"Après trois heures de négociations infructueuses", la police est intervenue et l'évacuation "s'est déroulée dans le calme et sans aucun incident", ont affirmé le rectorat et la préfecture.
Tolbiac toujours occupé
A Lyon, la présidence de l'université Lumière-Lyon-2 a fait intervenir vendredi à l'aube les forces de l'ordre pour évacuer des locaux du campus des Berges du Rhône, occupés depuis la veille.
L'université a dit regretter "profondément" d'avoir eu à prendre cette décision. "Mais nous n'étions plus à même de satisfaire à l'obligation qui est celle de l'établissement d'assurer la sécurité des personnes dans ses murs", a-t-elle expliqué.
Une mesure qui a suscité les protestations de l'union départementale de la CGT du Rhône.
D'autres sites ont été évacués ces derniers jours, dont Nanterre, qui a rouvert au lendemain d'une intervention jugée "musclée" par les occupants, avant d'être à nouveau bloquée.
Dans le sud-est de la capitale, l'université de Tolbiac, devenue en trois semaines d'occupation l'un des points chauds du mouvement, s'est préparée cette semaine à l'arrivée des forces de l'ordre. Le président de Paris-1 (dont dépend Tolbiac) avait en effet demandé l'intervention de la police, mais la préfecture avait refusé.
Georges Haddad, président de Paris-1, justifiait son appel à la police par "la gravité des violences" qui s'y étaient produites les jours précédents: projectiles lancés contre les occupants par des jeunes casqués et armés de battes de baseball, découverte de cocktails Molotov dans l'enceinte du bâtiment.
Cette demande d'intervention reste valable, selon une décision du tribunal administratif rendue jeudi.
Par ailleurs, le président de l'université Grenoble Alpes (UGA) Patrick Lévy a annoncé vendredi la tenue d'un vote électronique à la rentrée afin qu'étudiants et personnels s'expriment sur les blocages.
A Marseille, le bâtiment principal de la faculté des sciences Saint-Charles à Marseille était bloqué vendredi. Les bâtiments annexes, dont les accès étaient bloqués la veille, étaient en revanche de nouveau accessibles.
Jeudi lors de son interview sur TF1, Emmanuel Macron a mis en cause "agitateurs professionnels" et "professionnels du désordre". "Les étudiants, s'ils veulent avoir leurs examens en fin d'année, c'est mieux de les réviser, parce qu'il n'y aura pas d'examen en chocolat dans la République", a averti le chef de l'Etat.
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