L'interview diffusée dimanche à 20H35 sur BFMTV, RMC et le site Mediapart, depuis le Théâtre national de Chaillot, s'annonce plus musclée que celle du JT de TF1 jeudi, en raison de la personnalité pugnace des deux journalistes, Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel.
"Emmanuel Macron aime bien la castagne" verbale, souligne un de ses proches.
Sur TF1, interrogé par Jean-Pierre Pernaut dans l'école d'un village normand, le chef de l'Etat est apparu en "maître d'école" selon Le Parisien, en "professeur" selon Le Figaro. Il y a adopté un style "moins techno, plus empathique" que lors de ses précédentes interventions, relève le premier.
Cet entretien a dopé l'audience du JT puisqu'il a réuni 6,4 millions de personnes, soit plus d'un téléspectateur sur deux à cette heure-là, selon Médiamétrie.
Ce score est inférieur à celui de la première interview télévisée du président, au 20H de TF1 en octobre (9,5 millions de téléspectateurs), à une heure de plus grande écoute, mais dépasse celui du 20H de France 2 en décembre (5,7 millions).
Jusqu'à présent avare d'apparitions à la télévision, Emmanuel Macron mène cette offensive médiatique pour marquer le premier anniversaire de son arrivée, selon la présidence. Elle intervient aussi dans un contexte social perturbé qui a entraîné un décrochage de l'exécutif dans les sondages.
"Deux émissions à trois jours d'intervalle, contre deux en un an de mandat, c'est qu'il y a urgence", estime Franck Louvrier, ancien conseiller communication de Nicolas Sarkozy et président de Publicis Events, dans l'Opinion.
Elles arrivent, selon lui, "un peu tard par rapport au besoin de pédagogie qui s'imposait depuis plusieurs semaines". Car "si elles ne sont pas vulgarisées, les réformes deviennent vite ésotériques", souligne le communicant, en jugeant que l'exercice dans l'école "devra être répété", par exemple "en entreprise, dans une PME ou une PMI", les "poumons économiques du pays".
Sur TF1, Emmanuel Macron s'est voulu rassurant en affirmant qu'il entendait "les inquiétudes", notamment des retraités mécontents de la hausse de la CSG et des ruraux préoccupés par la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires et la désertification. Mais il n'a rien cédé sur le fond des réformes engagées, notamment de la SNCF, qui ira "jusqu'au bout".
Journalistes incisifs
Il n'a pas convaincu ses opposants de droite, comme Guillaume Peltier, vice-président des Républicains, qui a fustigé ses "carabistouilles", reprenant le mot désuet utilisé par le président durant l'entretien.
La gauche a regretté que le président n'ait "pas eu un geste pour la France populaire", selon le quotidien L'Humanité. "Il parle beaucoup" mais "n'entend pas beaucoup", a regretté le nouveau patron du PS Olivier Faure.
La deuxième séquence de l'offensive médiatique, dimanche, "pourrait permettre d'aborder d'autres sujets" comme "la conception de la République, la politique économique ou l'international", croit savoir Hugues Renson, vice-président (LREM) de l'Assemblée. Ou encore le projet de loi sur l'asile et l'immigration, qui doit être débattu à partir de lundi à l'Assemblée et fait grincer des dents au sein de LREM.
Pour cet entretien de deux heures, l'attelage des journalistes est inattendu. Edwy Plenel, engagé à gauche, fondateur d'un site qui a révélé l'affaire Cahuzac et les soupçons de financement libyen de la campagne Sarkozy, a hésité. Il a accepté pour "ne pas se dérober" et promet de relayer les "questionnements sans concessions de la société".
Considéré comme le plus craint des intervieweurs par les hommes politiques, Jean-Jacques Bourdin s'est fait le porte-parole des colères populaires et exige des réponses sans langue de bois.
Face à ces deux professionnels aguerris, "il s'agit pour Emmanuel Macron de travailler son image de +cohérence+, voire de +vérité+ ou de +transparence+. Il veut être le premier président dont les Français disent: +lui au moins dit ce qu'il fait+. Même s'ils ne sont pas d'accord avec lui", souligne Philippe Moreau-Chevrolet, expert en communication politique.
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