Jeudi matin le calme régnait sur la "zone d'aménagement différé" (ZAD), rebaptisée "zone à défendre" par les opposants au projet d'aéroport abandonné en janvier, après les heurts violents de la veille. Les escadrons de gendarmes mobiles présents sur la zone s'attachaient à sécuriser le déblaiement des "squats" détruits depuis lundi matin, selon la gendarmerie.
"L'opération est arrivée à un point où tout ce qui était évacuable a été évacué. Il y aura maintenant dans les prochains jours un travail sous l'autorité de la préfète qui consiste à permettre aux projets agricoles légaux organisés de se faire", a déclaré au journal de 13h00 de TF1 jeudi le président de la République Emmanuel Macron.
"Je souhaite que les agriculteurs qui sont sur place qui ont un projet sur ce territoire puissent le développer", a-t-il ajouté.
Mais ce calme sur la ZAD a été troublé vers 13h15 quand un escadron de gendarmerie est tombé dans une embuscade sur la RD81, une des deux routes qui traverse la ZAD. Stoppés par une barricade, ils ont été attaqués au moment où ils faisaient demi-tour.
Selon une source proche du dossier dix gendarmes ont été blessés, dont quatre brûlés par de l'acide aux jambes, un blessé à la tête par un projectile, et un autre "polycriblé par ce qui pourrait être un type de bombe agricole". Cinq gendarmes ont été évacués au CHU de Nantes.
Puis le calme est revenu sur la ZAD en milieu d'après-midi, ont constaté les journalistes de l'AFP.
29 squats évacués
Mercredi, les gendarmes avaient lancé une charge massive contre les opposants, la plus importante depuis le début de leur intervention lundi à l'aube. Treize nouveaux habitats ont été évacués dans la journée "soit 29 au total depuis le début de l'opération", selon la préfète des Pays-de-la-Loire Nicole Klein.
Sur le volet juridique, la préfète a été assignée "en urgence" par un zadiste qui conteste la légalité de son expulsion, lundi, du lieu dit des "100 noms". Ses avocats qui attaquaient la préfecture pour "voie de fait" et "trouble manifestement illicite", l'ont accusée d'avoir "gardé secrète" une ordonnance sur requête d'expulsion, les empêchant de lancer un recours pour la contester.
Le tribunal de grande instance de Nantes, qui a examiné cette affaire jeudi matin, rendra sa décision vendredi.
Le 17 janvier, lorsqu'il a mis fin au projet d'aéroport à Notre-Dame-des-Landes, le Premier ministre Édouard Philippe s'était engagé à éradiquer cette "zone de non droit".
Lundi, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb avait évoqué une quarantaine "d'édifices" à détruire sur la ZAD et une "centaine" de personnes à déloger. 2.500 gendarmes ont été mobilisés pour cette opération.
Les autorités ont recensé 97 "squats" - ou "lieux de vie" selon la terminologie des zadistes sur cette vaste zone de 1.650 hectares. L'intervention entamée lundi visait à expulser toute personne n'ayant pas régularisé sa situation en déclarant de nouveaux projets agricoles individuels.
L'importance de l'opération menée depuis lundi a amené les opposants à durcir le ton. En rasant les lieux de vie installés autour de la D281, où se cristallisaient les tensions depuis l'abandon du projet d'aéroport, les gendarmes ont détruit au passage des projets agricoles collectifs.
Dans le bocage souvent noyé sous les gaz lacrymogènes, les opposants historiques ont battu le rappel de leurs soutiens mardi, choqués par l'ampleur des destructions occasionnées à leurs installations.
Désormais les zadistes et leurs soutiens organisent la riposte. Une manifestation est prévue à Nantes samedi pour protester contre les expulsions, et dimanche un appel a été lancé pour venir "reconstruire" sur la ZAD.
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