Depuis plusieurs semaines, les assemblées générales s'enchaînent à l'université de Rouen (Seine-Maritime). Ils étaient encore plus de 200 étudiants et professeurs rassemblés dans l'amphithéâtre du bâtiment Tillon, mardi 10 avril 2018. La mobilisation se poursuit pour lutter contre les réformes du gouvernement, notamment celle imposant une sélection à l'entrée à l'université.
Des projets qui se concrétisent peu à peu
À chaque fois, lors des "AG", les propositions foisonnent, les questions se posent, les débats se poursuivent, s'éternisent sans doute un peu à en juger par la salle qui se vide au fur et à mesure mais l'essentiel pour les participants est que tout le monde puisse avoir la parole et au bout de plusieurs heures d'échange, un vote peut avoir lieu.
Et peu à peu, les projets commencent à se concrétiser, notamment celui de créer une université libre, "à l'image de celle créée à Limoges", raconte Enzo Chassonnery, étudiant en musicologie. "Les blocages ont été un moyen d'action nécessaire pour se faire entendre et ça a fonctionné mais on a trouvé intéressant de se réapproprier l'université et pas de simplement bloquer."
Les étudiants mobilisés s'inspirent de l'université libre de Vincennes créée en 1968, "elle était ouverte à tout le monde, sans examen, sans note, sans sélection", rappelle l'étudiant.
Occuper pour s'émanciper
"Est-ce que l'université est quelque chose pour qu'on ait un diplôme, un boulot et la retraite ou c'est un endroit qui appartient à tout le monde et fait pour s'émanciper, élever l'ensemble de la société ? Nous, on est plutôt sur cette deuxième optique donc on veut faire des ateliers ouverts à tous et en fait c'est juste le savoir, le plaisir d'apprendre et de partager et l'émancipation de tout le monde", explique Enzo Chassonnery.
Ateliers, débats, conférences avec certains professeurs
Pour créer cette université, les étudiants peuvent compter sur des dizaines de professeurs qui se mobilisent peu à peu. Parmi eux, il y a Sophie Devineau, professeur de sociologie à Rouen et directrice du laboratoire des Dynamiques sociales. "On est à un moment décisif que je considère comme la casse de l'université publique et du projet démocratique qui date de l'après-guerre où il y avait des projets comme le collège unique, 80 % d'une génération au baccalauréat et l'accès plus ouvert à l'université. Tout ce beau projet progressiste est complètement stoppé, explique-t-elle. Ça me choque énormément."
Sophie Devineau devrait participer à des ateliers de l'université libre dans les prochains jours. "C'est très sérieux, on utilise nos outils conceptuels, méthodologiques pour décrypter des situations sociales et c'est ce qu'on va proposer avec un programme précis."
A LIRE AUSSI.
Admission post-bac : "Je me retrouve sans fac, sans étude, sans rien"
Faible mobilisation nationale contre les réformes de l'université et du bac
Parcoursup: une nouvelle étape démarre, des inquiétudes persistent
Coup d'envoi des débats sur la réforme de l'accès à l'université à l'Assemblée
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.
la grève est un droit, le blocage un délit.
Que les étudiants organisent leur "université libre" si cela les amuse, mais qu'ils laissent ceux qui veulent étudier et passer leurs examens le faire,ce n'est pas ce genre de mouvement qui fera remonter l'université dans l'estime de ceux qui choisissent une orientation comme de ceux qui embauchent de jeunes diplômés. Ces mouvements profitent surtout à toutes les écoles d'ingénieurs et autres cours privés, ces étudiants opposés à la sélection ne font que renforcer la sélection par l'argent.