Des peines symboliques allant de 1.000 euros avec sursis à 6 mois de prison ferme, ont été requises ce qui, si elles étaient confirmées, éviterait aux huit prévenus, dont certains ont connu des mois de détention provisoire, de retourner en prison.
"Il faut prendre en compte le temps passé et (leur) personnalité. Et la société n'aurait rien à gagner à ce qu'ils soient condamnés à des peines qui les ramèneraient en prison", a expliqué le procureur Olivier Christen après avoir défendu un dossier vivement critiqué.
Les avocats de la défense ont eux plaidé une relaxe générale en demandant notamment au tribunal de refuser d'avaliser "les méthodes" employées par l'antiterrorisme dans ce dossier.
Les huit prévenus du dossier, cinq hommes et trois femmes âgés de 31 à 43 ans, ont été jugés pour association de malfaiteurs, dégradation d'une ligne SNCF, violences lors d'une manifestation à Vichy, recel de documents volés et refus de se soumettre à un prélèvement biologique. Des qualifications passibles de cinq ans de prison.
Parmi eux, Julien Coupat, longtemps présenté par l'accusation comme le théoricien du groupe et son ex-compagne Yildune Lévy.
Hors norme, le procès l'a été dès le premier jour, marqué par la manifestation de militants qui portaient des masques représentant le procureur. Les prévenus ont vite accaparé la parole, désorganisé les débats et assuré leur propre défense. Enfin, évènement rarissime, le tribunal s'est déplacé en pleine nature pour vérifier la conformité d'un procès-verbal contesté.
L'enquête elle-même avait été peu ordinaire: ouverte pour terrorisme le 11 novembre 2008 avec l'arrestation des prévenus devant des caméras par 150 policiers cagoulés, l'instruction s'est close dix ans plus tard par de simples poursuites de droit commun.
Des voix ont dénoncé l'influence politique de l'ex-ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie, qui avait théorisé le retour d'une ultra-gauche violente en France, la partialité du premier juge Thierry Fragnoli ou le rôle trouble des services de renseignement.
"Rien à sauver"
Ce contexte a pesé sur l'ensemble des débats. La présidente a notamment laissé une large place à l'expression des prévenus se disant consciente que "leur colère avait besoin de s'exprimer".
Ce contexte pèsera-t-il sur le jugement du tribunal?
"Il faut que cette affaire se finisse dignement (...) il n'y a rien à sauver et ce serait l'honneur de la justice que de le constater. Il est temps de libérer (les prévenus) de ce fiasco", avait lancé Me Marie Dosé, avocate de Yildune Lévy.
Au final, deux versions s'affrontent autour de l'accusation principale: la dégradation d'une ligne du TGV-Est en Seine-et-Marne dans la nuit du 7 au 8 novembre avec un crochet en fer à béton qui a endommagé le pantographe d'un train.
Dans un procès-verbal de surveillance, des policiers affirment avoir vu la voiture de Coupat et Lévy stationnée le 8 novembre entre 4H05 et 4H25 en contrebas de la ligne où le sabotage a eu lieu, même s'ils ne les ont pas vus agir.
Le couple affirme, lui, être déjà rentré à Paris à cette heure-là. Pour preuve, ils brandissent un ticket horodaté d'un retrait de 40 euros effectué avec la carte bleue de Yildune Lévy près de Pigalle à 02H44. Selon eux, le PV des policiers serait un faux.
L'accusation estime, elle, que "rien n'établit que l'utilisateur d'une carte bleue soit nécessairement son titulaire".
Mais, au-delà de cette opposition, c'est la régularité même du PV, pièce centrale de l'accusation dont les nombreuses erreurs ont été pointées à l'audience, qui pourrait faire basculer le tribunal.
Pour les autres délits poursuivis, plus difficilement contestables, il reviendra au tribunal de juger si une condamnation pour une manifestation violente ou un refus de donner son ADN peut encore avoir du sens dix ans les faits.
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