Pour l'occasion, le JT de la mi-journée sera délocalisé dans l'école primaire d'un petit village normand, Berd'huis (Orne), à 150 km à l'ouest de Paris, village dynamique qui a gardé ses commerces et ses médecins. Ses 1.118 habitants avaient placé Marine Le Pen en tête au premier tour de la présidentielle, mais choisi en majorité Emmanuel Macron au second tour.
Le chef de l'Etat saluera les habitants venus l'attendre à son arrivée à 11h30. Il doit repartir pour Paris juste après l'émission.
Cet entretien est la première partie d'une offensive médiatique destinée à marquer le premier anniversaire de la présidentielle. Emmanuel Macron sera de nouveau sur le petit écran dimanche soir pour un entretien de deux heures avec Jean-Jacques Bourdin et Edwy Plenel, sur BFMTV, RMC et le site Mediapart.
C'est "une séquence originale, un peu atypique" médiatiquement pour "parler à des spectateurs peut-être pas traditionnellement devant les grand'messes" télévisées habituelles a fait valoir le député LREM Hugues Renson.
L'objectif est de "redonner le sens, de mieux expliquer que la politique de transformation du pays permet de réparer la France mais aussi de s'occuper de l'égalité des territoires" et qu'"il n'y a pas de frange de la population qui serait à l'écart", a ajouté le député de Paris, selon qui la "deuxième séquence, dimanche, pourrait permettre d'aborder d'autres sujets, peut-être plus sur la conception de la République, sur la politique économique ou l'international"
"Il y a, il est vrai, un contexte politique" qui se prête à ces interventions, estime aussi le député Gabriel Attal (LREM), pour qui le président est "parfaitement conscient du pouls du pays" et "des attentes, des doutes, des inquiétudes, des questionnements que peuvent avoir les Français".
"En matière de pédagogie nous n'en faisons jamais assez", a reconnu le Premier ministre Edouard Philippe en début de semaine.
Pour cela, le choix du JT de TF1, animé depuis 30 ans par Jean-Pierre Pernaut, n'est pas un hasard. Suivi par 5,3 millions de téléspectateurs en moyenne, c'est le plus regardé par les retraités, les employés et les habitants des campagnes.
"Complexité"
Or le monde rural a plusieurs griefs envers le gouvernement: augmentation des taxes sur les carburants, abaissement à 80 km/h de la vitesse sur les routes secondaires, réduction des dotations aux collectivités locales... La hausse de la CSG fait aussi grogner les retraités.
A Berd'huis, si l'arrivée du président réjouit des habitants ravis de voir pour la première fois un chef de l'Etat arpenter leurs rues, elle énerve une partie des retraités, qui composent près de 30% de la population du village. "La CSG c'est lourd pour les petits revenus", résume Claude, 65 ans.
Plusieurs syndicats annoncent des cars pour manifester jeudi à Berd'huis mais ils seront maintenus à 300 m de l'école, selon la police
Selon un récent sondage de l'institut Elabe, la cote de confiance d'Emmanuel Macron recule à la fois dans les classes populaires, où elle n'est plus que de 27%, et dans les classes moyennes (-6 points à 41%), alors que, parallèlement, elle progresse chez les cadres, à 65%.
L'Elysée a assuré que le chef de l'Etat allait "répondre à toutes les questions" durant ces deux interviews: sur la grève de la SNCF, l'évacuation de Notre-Dame-des-Landes, les réformes sociales et économiques, la menace terroriste, la situation en Syrie...
"La mémorisation des réformes, pour un président qui a fait du réformisme son marqueur principal, sera essentielle le moment venu. Or, pour le moment, elle est relativement faible pour cause de multiplication des fronts, et d'extrême complexité des réformes menées", fait remarquer Chloé Morin, directrice de l'opinion à la fondation Jean-Jaurès.
Préférant les longs discours ou les échanges directs avec la population, Emmanuel Macron n'avait donné jusqu'ici que deux entretiens à des chaînes françaises (TF1 en octobre, France 2 en décembre).
Après cette offensive médiatique, il sera deux jours la semaine prochaine dans les Vosges, un département très rural.
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